dimanche 14 octobre 2018

2018 Danube - Moldavie

Lundi 27 août  2018

Partis d’Ardèche mardi 21 août à bord de notre petit camping-car Ducato, Viviane et moi sommes parvenus en Alsace où je participais à Strasbourg aux journées d’été d’Europe Ecologie – Les Verts.

Ce matin, départ à 8h30 de chez Jean-Claude où nous avons logé, à Plobsheim, pour un voyage tout au long du Danube.
Nous passons de suite en ALLEMAGNE.
Nous traversons la Forêt-Noire pour atteindre vers 11h Donaueschingen. Là, deux cours d’eau, la Brigach et la Breg, s’y rencontrent, et le fleuve prend le nom de Danube. Dans le parc du château, se trouve la fontaine monumentale du XIXe siècle, dite «Donauquelle», qui symbolise la source officielle du Danube. 



Le Danube a porté le nom de la ville à travers l’Europe. Le fleuve s’écoule de la Forêt-Noire à la Mer Noire sur 2850 km.


Par la suite, au cours de la journée, nous roulons en Bade-Wurtemberg, passant à Ulm, puis en Bavière, suivant approximativement le Danube. Durant le trajet, nous apercevons des champs entiers couverts de panneaux photovoltaïques. Plus loin, ce sont les perches de culture du houblon qui parsèment le paysage.
Après avoir contourné Augsburg, nous atteignons Regensburg (Ratisbonne) et nous installons à 17h30 dans un camping au bord du fleuve.

Mardi 28 août  2018

Le matin, nous récoltons un peu d’eau du fleuve dans une petite bouteille pour la rapporter à Geneviève, une collègue de Saint-Apollinaire.
Vers 8h, nous prenons un bus devant le camping pour aller visiter Regensburg. La ville, grâce au Danube, s’est développée au Moyen Âge et devint plus tard la première capitale de la Bavière avant d’être élevée au rang de ville impériale par les empereurs du Saint Empire romain.
Le Steinerne Brücke (pont de pierre), chef-d’œuvre de l’architecture médiévale des ponts, bombé en son milieu, enjambe le Danube.


Nous nous promenons à travers les ruelles sinueuses de la vieille ville médiévale (épargnée par les bombardiers américains lors de la Seconde Guerre mondiale). La cathédrale est l’édifice qui compte la plus grande surface de vitraux en Allemagne. Le Rathaus (l’hôtel de ville) est un bel édifice gothique des XIIIe et XIVe siècles.


Nous rentrons au camping en bus et prenons ensuite la route jusqu’à Passau, ville frontière sur le Danube, que nous avions visitée le 1er octobre 2011.

Nous entrons en AUTRICHE un peu avant midi. A la frontière, nous achetons une vignette, car nous serons amenés à utiliser parfois des autoroutes.
Le trajet se déroule d’abord en Haute-Autriche, avec le Danube en fil rouge, au travers d’un paysage apaisé jusqu’à Linz.


De 15h45 jusqu’à 17h, nous visitons le camp de concentration de Mauthausen, le plus sinistre camp de la mort nazi en Autriche. Le site fut choisi en 1938 en raison de son importante carrière de granit. Les premiers déportés étaient des condamnés de droit commun. Puis ce furent des « asociaux » communistes, socialistes, tziganes, juifs, dénommés les « parasites du peuple ». 122 766 déportés y périrent. Le camp fonctionna pendant sept ans, jusqu’en 1945.
Une grande partie du camp a été conservée : mur d’enceinte, porte d’entrée, miradors et quelques baraquements d’habitation. 



Les baraquements ont été vidés de leurs installations, car après la libération du camp, les troupes soviétiques l’ont utilisé comme casernement. 
Au sous-sol subsistent des salles d’exécution, des fours crématoires et des chambres à gaz.


  
Le long de la voie menant au camp, près des baraques des gardes SS, on parcourt un mémorial où chaque pays a élevé des monuments ou déposé des plaques pour rendre hommage à ses morts.
Tant de souffrances et d’atrocités, à côté d’un paisible village au bord du Danube !

Notre trajet se poursuit par autoroute en Basse-Autriche jusqu’à Sankt-Pölten. Nous faisons halte à 19h30 dans un camping à Krems. Indiqué par le Guide du Routard, le Donaupark est situé au bord du Danube, avec une jolie vue sur l’abbaye de Göttweig.


Encore beaucoup de monde, par contre, dans ce camping !

Mercredi 29 août  2018

Le matin, nous visitons Krems, capitale viticole de la Basse-Autriche. On pénètre dans le vieux centre par la Steinertor, porte de ville à clocher baroque.


On parcourt Obere Landstraβe, la rue commerçante aux belles demeures patriciennes et hôtels particuliers - Untere Landstraβe - Hoher Markt

- Pfahrplatz, où se dresse la riche église paroissiale Sankt Veit.


Nous roulons ensuite sur des routes ordinaires vers Wien (Vienne) et traversons le Danube sur un bac. Par le nord-est, nous contournons la capitale, déjà visitée en 1980 et 1995.
Nous nous dirigeons par une petite route vers la SLOVAQUIE.

La Slovaquie a intégré l’Union européenne le 1er mai 2004.
Elle est membre de l’espace Schengen depuis 2007 et de la zone euro depuis 2009.

Nous contournons également la capitale, Bratislava, que nous avons visitée en 1995. Nous continuons par une route du sud qui longe le fleuve.
Vers 17h, nous apercevons une pancarte discrète qui indique un camping et empruntons le chemin qui y mène. Il s’agit d’un emplacement champêtre uniquement prévu pour les tentes. Mais la famille de l’auberge nous ouvre le portail du pré, et l’on peut s’installer, brancher l’électricité.
Tout à côté, une cigogne blessée qui ne peut plus s’envoler traîne son ennui dans un enclos restreint. Elle s’approche, curieuse, de la clôture.


Dans la soirée, nous effectuons une petite balade vers le fleuve, ses bras et sa zone inondable.




Jeudi 30 août  2018

Le matin, nous roulons vers Komárno, franchissons le Danube pour entrer en HONGRIE vers 9h. Le pays est membre de l’espace Schengen, mais pas de la zone euro. Il nous faudra donc retirer des forints.

Nous nous dirigeons vers la boucle du Danube, traversant des villages aux petites maisons aux couleurs vives alignées sur une seule rue, aux entrées enherbées, accessibles par un petit pont enjambant la rigole.
Arrêt à Esztergom.
Cette petite ville baroque est dominée par une énorme basilique, la plus grande de Hongrie, pas franchement esthétique. 


A l’intérieur, un grand dôme de style byzantin laisse toute sa place à la lumière naturelle. Sur la terrasse, la vue plonge sur la ville, le Danube et le pont vers la Slovaquie.


Par contre, les ruines du palais royal sont plus intéressantes. Le musée installé à l’intérieur conte l’histoire du site. On peut y découvrir diverses couches archéologiques, avec les murs de fondation des Xe et XIIe siècles.

Nous continuons à côtoyer le Danube, entre les montagnes de Börzsöny sur la rive gauche et de Pilis sur la rive droite qui contraignent le fleuve à dévier son cours en une boucle de 120 km.


L’après-midi, au nord de Budapest, arrêt à Szentendre, joli village d’origine serbe, aux multiples façades baroques. Nous nous baladons dans la ville aux alentours de la place Fö tér. Nous voulions revoir ce village que nous avions visité le 23 août 1982, lors de notre premier voyage à l’époque communiste. On reconnaît bien les rues du centre, beaucoup plus touristiques il est vrai. Les terrasses des cafés sont bondées, là où stationnaient à l’époque les petites Traban.



















Continuant notre voyage, nous traversons Budapest sur la rive droite du fleuve sans nous arrêter (nous connaissons déjà !). En face, sur l’autre rive, se détache la silhouette éclectique du Parlement.


Vers 16h, la circulation commence à devenir difficile. Au sud de la ville, nous sommes prisonniers d’énormes embouteillages dont on ne sait comment se sortir. En désespoir de cause, nous allons accomplir un immense détour vers l’ouest par Bicske et Székesfehérvár pour rejoindre bien plus au sud le Danube. On commence à s’inquiéter, car nous ne rencontrons aucun camping et la nuit tombe. A Dunaújváros, nous suivons vers 20h, de nuit, l’indication d’un camping. C’est surtout un parc de bungalows qui date de l’époque communiste. Faible lumière à l’entrée, accueil par un gardien qui ne parle que russe.
Nous nous installons dans l’obscurité.

Vendredi 31 août  2018

Il est plutôt délabré, le camp ; et les sanitaires également.
Nous cherchons à vidanger nos eaux usées. Lorsque le responsable arrive, il est embarrassé : c’est la première fois qu’on lui demande ça ! Après réflexion, il nous ouvre une bouche d’égout où nous pouvons déverser nos eaux. Un robinet nous permet également de faire le plein en eau propre.

Nous reprenons la route vers le sud de la Hongrie, jusqu’à Udvar. C’est la frontière avec la CROATIE, que nous franchissons à 11h45.
Contrôle des passeports. Bien que membre de l’Union européenne, la Croatie ne fait pas partie de l’espace Schengen.
Nous sommes en Slavonie orientale, à l’extrême nord-est du pays. Nous faisons une halte à Vukovar, ville martyre du conflit yougoslave. Petite balade au centre historique. Aujourd’hui la reconstruction de la ville est presque achevée, en comparaison de ce que nous avions connu lors de notre passage le 6 septembre 2006. Les touristes visitent le centre, photographiant les dernières traces visibles de la guerre, des pans de murs encore criblés d'impacts de balles.






Une zone 3D, la première de Croatie, a été récemment créée. Ainsi, un pont piétonnier sur la rivière Vuka, à sa confluence avec le Danube, retient l’attention par ses images en trois dimensions créées en juillet 2016 par Philip Mrvelj, le seul artiste d'art croate 3D. Pour voir l’œuvre en relief, il suffit de se placer depuis un emplacement précis marqué au sol.








On reprend la route. Vers 17h, nous atteignons Ilok, frontière avec la SERBIE.
On quitte ainsi l’Union européenne. Sur les panneaux routiers, l’alphabet cyrillique voisine avec l’alphabet latin.
Nous poursuivons par Novi Sad, en Voïvodine, jusqu’à Zemun, aux abords de Belgrade. A 20h, nous gagnons de nuit le camping Dunav, en surplomb du fleuve.
Il a bien changé, ce camping, depuis nos passages en septembre 2006 et 2010 dans cet « auto-camp » un peu défraîchi que nous conseillait le guide du Petit Futé. Maintenant, il est tout-à-fait aux normes occidentales.

Samedi 1er septembre 2018

Le soleil se lève sur le fleuve en contrebas.


Après avoir quitté le camping, on traverse Belgrade puis on roule en Serbie centrale jusqu’au défilé du Đerdap, dans les gorges du Danube, entre Serbie et Roumanie.
Vers 14h, nous atteignons le site archéologique de Lepenski vir.
En 1965 a été mis à jour le plus ancien site néolithique d’Europe : un village préhistorique datant de 8000 ans avant notre ère. Selon les archéologues, c’est le site découvert le plus complet de cette période de notre préhistoire.
Nous pénétrons sur le terrain.


Après un parcours en forêt, on atteint un bâtiment  couvert abritant une centaine de maisons de plan trapézoïdal construites en brique rouge et en pierre calcaire, la plupart d’entre elles reposant sur des petites plates-formes en pierre. Un film sur l’historique du site puis un petit musée attenant complètent la visite.   


Le Danube s’élargit pour adopter la configuration d’un lac. A partir de Donji Milanovac, le fleuve décrit un brusque méandre vers le nord, son cours devient de plus en plus étroit et on s’engage dans le défilé de Kazan.



Vers 17h (18h, heure locale due au changement de fuseau horaire), on franchit le Danube.


On pénètre en ROUMANIE près de Drobeta-Turnu-Severin, dans la région des Portes de Fer.
Retour dans l’Union européenne.
A la frontière, le bureau de change est fermé. Que faire avec nos dinars serbes ? De plus, il faut se procurer la « rovinietă », une vignette routière électronique obligatoire. Mais là aussi, le bureau de la frontière est fermé. Il me faudra m’en procurer à la prochaine station-service rencontrée.

La route que nous empruntons vers le sud s’éloigne du Danube.
Comme nous ne trouvons pas de camping, nous faisons étape vers 20h sur une aire internationale de parking pour camions, à Vinju Mare. On règle deux euros au gestionnaire de l’aire, et l’on peut utiliser les toilettes du restaurant attenant (indescriptibles, d’après Viviane !).
Perdus au milieu des poids lourds de toutes nationalités, nous ne dormirons guère : navettes des véhicules, ronflements des climatiseurs de certains camions…

Dimanche 2 septembre 2018

On continue notre voyage.
Les routes de Roumanie sont redoutables.
Certains tronçons sont truffés de nids-de-poule. Il faut redoubler de vigilance, car les Roumains roulent vite, n’importe comment et ne respectent absolument pas les limitations de vitesse. Certains sont de véritables chauffards qui vous doublent en agglomération d’un air rageur et franchissent allègrement les lignes continues, y compris les poids lourds. A cela s’ajoutent les chiens errants qui surgissent et les charrettes à cheval, important moyen de locomotion en zone rurale.
Nous rejoignons le Danube à Calafat, frontière fluviale avec la Bulgarie. Nous y faisons un arrêt et retirons des lei dans un distributeur de billets.
On reprend la route, côté roumain, à travers la Valachie. Les principautés de Valachie et de Moldavie ont été à l’origine de l’indépendance de la Roumanie vis-à-vis de l’Empire ottoman, en 1878.
Aujourd’hui, nous roulons toute la journée vers l’est, passant à Craiova et Alexandria, parallèlement au fleuve mais loin de lui, car le but est de rejoindre Bucarest.

Nous traversons la capitale dans la soirée et recherchons un endroit pour dormir, dans la campagne au nord de la ville, car le Routard ne nous propose rien. La nuit tombe et nous cherchons en vain. C’est notre belle-fille Patricia, depuis la Suisse, qui va nous trouver la solution. Suite à un message SMS de Viviane, elle fait une recherche sur internet et nous indique une adresse de camping au nord de Bucarest.
De nuit, à 21h, nous atteignons le camping Casa Alba, situé dans la forêt Baneasa, dans une zone de détente, loin du bruit de la ville. Nous sommes garés sur un rond-point central en enrobé, autour de quelques bancs et d'un bouquet de saules pleureurs. On prévoit d’y rester deux nuits.

Lundi 3 septembre 2018

A 8h30, nous prenons un autobus devant le camping pour nous rendre à BUCUREŞTI (Bucarest).
Comme l’explique le GdR, Bucarest, marquée par sa latinité unique en Europe de l’Est et par une histoire riche en rebondissements, n’est pas toute grise, ni triste, ni délabrée, même si par endroits les immeubles sont décatis et que d’immenses toiles d’araignées de câbles électriques enchevêtrés font partie du paysage urbain.
Depuis la fin de l’ère Ceauşescu en 1989, et grâce à l’aide financière de l’Union européenne, la capitale ravale ses façades, modernise ses infrastructures, met en valeur ses quartiers historiques.
Après avoir réussi, non sans quelques difficultés, à nous localiser en ville, notre point de départ sera la piaţa Unirii. Nous remontons le boulevard Unirii. Appelé « boulevard de la Victoire du Socialisme » sous le communisme, il se voulait le rival de l’avenue des Champs-Elysées, avec pour apothéose le palais qui résume la mégalomanie de son concepteur.
Le palais du Parlement, dressé sur une petite colline, serait le deuxième bâtiment officiel du monde par son volume, après le Pentagone.
Pour bâtir son démentiel palais, Ceauşescu détruisit l’équivalent de la surface de trois arrondissements parisiens, un quartier qui n’avait pas été touché par le tremblement de terre de 1977. C’était une zone historique : 12 églises, 3 monastères, 7000 maisons anciennes furent rasés.  
70 000 personnes durent quitter leur foyer pour rejoindre les grands blocs collectifs de la périphérie.
Le palais était destiné à abriter tous les pouvoirs centraux de l’Etat totalitaire. Il abrite aujourd’hui le Parlement roumain, le Sénat et la Cour constitutionnelle. Le palais est visitable, mais il aurait fallu réserver la veille par téléphone.


Le cœur historique de Bucarest est un petit quadrilatère d’une superficie limitée, mais riche en détails et histoires.
Nous nous baladons vers l’auberge Hanul lui Manuc, (dernière survivante des caravansérails), le palais princier de Curtea Veche (le plus ancien monument de la ville). Nous visitons l’église orthodoxe de l’Annonciation, en brique, avec un portail de style brâncovan rajouté.


Nous parcourons la strada Lipscani et les rues voisines, vestiges du vieux quartier de négociants de Bucarest. Aujourd’hui, le quartier a changé de vocation. C’est devenu un haut lieu de la vie bucarestoise avec ses bars, ses boîtes et ses cafés.
Nous mangeons en terrasse d’un restaurant sur la strada Franceză. On nous sert un plat valache, à base de porc avec un assortiment de légumes grillés.

L’après-midi, nous parcourons la calea Victoriei, artère commerçante de la ville, sillonnée par les trolleybus : grands édifices publics, magasins et commerces de luxe… et petites rues latérales couvertes avec commerces et restaurants.


Nous gagnons la piaţa Universităţii (place de l’Université), lieu symbolique de la révolution de 1989.
La chaleur est intense, la circulation dense.
Et nous nous rendons compte que nous ne parviendrons pas à échanger les dinars serbes qui nous restent : aucun bureau de change n’accepte de nous les reprendre, car ils sont inconvertibles en dehors de la Serbie. Il faudra donc songer à repasser en Serbie lors de notre trajet de retour pour liquider l’argent liquide.
Depuis la piaţa Romana, nous reprenons un  autobus pour rentrer au camping. Sur la banquette en face de nous, un homme se signe chaque fois que le bus passe devant une église. La pratique est courante car les orthodoxes sont très pieux.
Un problème pour retrouver le camping : l’arrêt de bus au retour ne se situe pas au même endroit qu’à l’aller. On effectue quelques valses-hésitations avant de comprendre…

Mardi 4 septembre 2018

On poursuit notre périple à travers les plaines agricoles du sud de la Roumanie jusqu’à Giurgeni où l’on rejoint le Danube.
Peu avant, on ne sait pas pourquoi, il faut s’acquitter d’un péage. Passage du pont sur le fleuve ou traversée d’une zone naturelle constituée par son large lit ?
Toujours est-il qu’on franchit le Danube pour atteindre Hârşova et continuer en Dobrogea.
Située entre le Danube et la mer Noire, c’est une région constellée de plateaux et de dépressions, de réserves naturelles et de vignobles. La végétation est en partie steppique, formation favorisée durant la  période turque par l’élevage extensif d’ovins.
On arrive vers 15h30 à Tulcea, porte du delta du Danube.
Nous visitons le musée écotouristique du delta du Danube. Moderne et didactique, c’est une excellente introduction avant d’explorer le delta et son étonnant écosystème. Au sous-sol, un grand aquarium spectaculaire.


Nous empruntons une petite route au sud du delta le long du bras de Sfântu Gheorghe jusqu’à Murighiol, un des rares villages du delta accessible par la route.

Vers 17h30, nous nous installons au Camping Lac Murighiol, indiqué par le Routard : calme et familial, ombragé de saules. Au fond du jardin, un canal du delta est accessible, avec ponton et barque à louer. Gare aux moustiques !


Le patron du camping, Octavian, parle un très bon français. On prend rendez-vous avec lui pour une excursion sur le delta demain matin.
Une troupe d’étourneaux a choisi comme dortoir le saule sous lequel nous sommes stationnés. Concert bruyant qui va s’arrêter brusquement à la tombée de la nuit…

Mercredi 5 septembre 2018

Classé réserve de biosphère par l’Unesco, le delta du Danube est la plus grande zone humide d’Europe.
« En se jetant dans la mer Noire après s’être divisé en d’innombrables bras d’eau, le Danube termine ici sa folle course à travers l’Europe. Trait d’union entre la terre et l’eau, c’est un immense labyrinthe de canaux, d’étangs, d’îles flottantes et de roselières en mouvement perpétuel. »(GdR)
Trois bras principaux du fleuve se fondent dans la mer Noire : le bras de Chilia au nord, le bras de Sulina au centre et le bras de Sfântu Gheorghe au sud.

A 6h, nous sommes parés devant la réception avec appareil photo et jumelles en compagnie de huit autres personnes du camping. On nous transporte dans des voitures jusqu’à Dunavăţu de Jos, le dernier village accessible par la route.
L’accès des touristes dans le delta ne peut se faire qu’avec un permis d’accès que nous a procuré Octavian. Après avoir revêtu chacun son gilet de sauvetage, nous embarquons avec lui sur une barque à moteur. Lors d’une première accélération, ma casquette tombe à l’eau. Demi-tour pour la récupérer !
On se laisse glisser le long des rives bordées de joncs, de roseaux et saules pleureurs ; on rencontre d’anciens villages de pêcheurs, uniquement accessibles par bateau, qui vivent de la pêche résiduelle locale, d’un peu d’agriculture et maintenant de l’écotourisme. 

















Octavian révèle une parfaite connaissance des oiseaux du delta et, qui plus est, de leurs noms en français.
Au fil de l’eau, on identifie héron crabier,


héron bihoreau,

On se faufile dans les bras d’eau les plus étroits où  nénuphars et roselières occupent l’espace.



















On débouche sur un lac peuplé de canards, de goélands qui se reposent sur les arbres morts.





Le delta est aussi et surtout le royaume du pélican blanc, accueillant la plus grande colonie d’Europe, ainsi que le pélican frisé.



Indissociables des pélicans, car ils chassent ensemble, les grands cormorans et les cormorans pygmées sont les grands colonisateurs du delta. On aperçoit le busard des roseaux ainsi qu’une autre vedette du delta, le pygargue à queue blanche.



Octavian salue un pêcheur qui relève ses nasses aux abords d’une roselière parmi les nénuphars.



Remontant le bras de Sfântu Gheorghe, le plus vieux des trois bras, nous sommes de retour à l’embarcadère vers 11h.

Après cette splendide sortie, nous passons l’après-midi au camping à nous reposer.

Jeudi 6 septembre 2018

Nous quittons le camping à 8h15. Nous repassons à Tulcea puis remontons la rive droite du Danube.
Nous traversons le fleuve par un bac et nous retrouvons sur la rive gauche à Galaţi.
A midi, nous passons le poste-frontière roumain et nous présentons à la frontière de la République de MOLDAVIE.

Rattachée à la Roumanie depuis 1918, la Bessarabie est envahie par l’URSS le 2 août 1940. En juin 1941, la Roumanie, alliée de l’Axe, attaque l’URSS et récupère le territoire. En 1944, l’approche de la fin de la guerre et la défaite de l’Axe remettent la Bessarabie dans le giron de l’URSS. Le territoire devient la République socialiste soviétique de Moldavie.
A la faveur de la Perestroïka et de l’effondrement de l’URSS, la République de Moldavie proclame son indépendance le 27 août 1991.
En 1994, elle adhère à la Communauté des Etats Indépendants (CEI).

Giurgiuleşti, à l’extrême sud du pays, se situe à la frontière avec la Roumanie et l'Ukraine. C’est le seul point de contact du pays avec le Danube sur 570 m. La Moldavie y dispose désormais d’un port pétrolier. Le terminal de Giurgiuleşti, à la confluence du Danube et du Prout, est directement accessible depuis la mer Noire.

On quitte l’Union européenne. A 12h30, après les vérifications des passeports, des documents du Ducato et de mon permis de conduire international, on change des euros contre des lei moldaves.
La langue officielle est le roumain. Sous la domination soviétique, la langue nationale, le roumain, est rebaptisée « moldave » et doit être rédigée en cyrillique malgré son origine latine. En 1989, c’est le retour à l’alphabet latin et en 1990, le moldave est officiellement reconnu comme roumain.

Nous commençons à monter vers le nord. Et là, nous sommes confrontés à l’état des routes. Le réseau routier est peu développé et mal entretenu faute de moyens. La Moldavie est en effet le pays le plus pauvre d’Europe et son réseau routier est réputé pour être le plus dégradé du monde… après le Tchad (selon le Petit Futé) ! 
Les chaussées sont défoncées, et les nids de poule (vraiment, de très grosses poules !) nécessitent de slalomer pour les éviter. Amortisseurs et pneus sont mis à rude épreuve. Donc, extrême prudence !
En comparaison, les routes que nous avons connues en Albanie nous semblent bien meilleures !
On fait une pause pour déjeuner dans le camping-car, au bord de la route, sur un espace enherbé au cœur d’un village.


Des enfants qui reviennent de l’école sont intrigués par notre présence. Je suis surpris de voir les toits des maisons couverts de plaques ondulées en fibrociment amianté. 


La route s’engage vers le nord, le long du Prout qui est aussi la frontière roumaine.
Nous sommes dans le « raion » (arrondissement) de Cahul. Le relief est dominé par la steppe du Budjak propice à la culture de la vigne. Après la ville de Cahul, nous bifurquons vers l’est.

Bientôt nous pénétrons dans la région autonome de Gagaouzie, peuplée d’une minorité ethnique d’origine turque convertie à l’orthodoxie. La langue gagaouze est très proche du dialecte turc anatolien.
Ces turcophones chrétiens se sont établis en Bessarabie au début du XIXe siècle, lorsque l’Empire russe a procédé à un échange de population avec l’Empire ottoman.
Malgré ses différences et son autonomie, la Gagaouzie fait bien partie de la Moldavie, sans frontière ni contrôle (contrairement à la Transnistrie).
Souhaitant continuer à faire partie de l’URSS, la Gagaouzie proclame son indépendance le 19 août 1991. Reconnue par personne, elle se trouve isolée. Après négociations et suite à un référendum en 1994, la Gagaouzie devient une région autonome au sein de la République moldave, avec trois langues officielles : le russe, le gagaouze et le moldave.
La route qui traverse le territoire est en bon état, bordée de noyers. Les capitaux turcs y sont pour quelque chose ! Sur le bord de la route est signalé un point d’eau : un puits à margelle permet de récupérer de l’eau avec un seau actionné par une poulie. Avec à ses côtés un oratoire, c’est un élément fréquent de la campagne moldave. Il n’y a souvent pas de réseau de distribution d’eau dans les villages.


Nous faisons halte à Comrat, la capitale de Gagaouzie. Nous effectuons une petite balade sur l’avenue principale, la strada Lenine.


Les affinités avec la Russie sont indéniables, témoin l’imposante statue de Lénine devant le palais du Parlement.




Nous faisons quelques courses dans un magasin où l’on se rend compte que tout le monde parle russe.

Remontant vers le nord, nous quittons la Gagaouzie à hauteur d’un portique géant qui délimite le territoire.


Il n’y a pas de camping en Moldavie : ce n’est pas encore dans la culture locale, mais il est possible de s’arrêter quasiment partout. Un peu avant la ville de Cimişlia,  avisant une petite gargote près d’une zone de repos en bord de route, je demande l’autorisation de passer la nuit devant. Pas de problème, on se gare dans un recoin le long du bosquet.

Vendredi 7 septembre 2018


Au matin, nous nous dirigeons vers le centre de la Moldavie, atteignons la capitale Chişinău et traversons la ville pour nous diriger vers Vadul lui Vodă. C’est l’unique station balnéaire de Moldavie, sur les rives du Dniestr. Atmosphère un peu désuète et surannée.
Les Soviétiques y ont fait construire plusieurs établissements curatifs, très populaires dans l’ancienne URSS. De nombreuses datchas se sont installées progressivement dans les espaces boisés. 
C’est la zone de loisirs de la capitale, et les habitants de Chişinău s’y rendent en masse à la belle saison pour profiter de la baignade, des nombreux restaurants et des discothèques. Bungalows, hôtels et complexes de luxe s’y côtoient dans un environnement boisé et verdoyant.
Nous parcourons le site, à la recherche d’un possible camping, mais en vain. Il y a bien une pancarte qui en indique un, mais il s’agit d’un parc de campement pour les jeunes dans le cadre d’activités organisées. Ce faisant, on butte sur un check-point de militaires, car sur l’autre rive du Dniestr, c’est la Transnistrie, république sécessionniste pro-russe. Demi-tour ! La visite sera pour dimanche…

L’après-midi, nous continuons le long du Dniestr. A hauteur de Dubăsari, nouveau poste de contrôle que nous évitons.
Nous empruntons une route non revêtue pendant 14 km pour nous rendre jusqu’au site archéologique d’Orhei Vechi.
C’est un musée à ciel ouvert situé entre les villages de Trebujeni et Butuceni. Les méandres du fleuve Răut ont creusé un cirque naturel et façonné deux promontoires, Butuceni et Peştera. Le panorama y est époustouflant.



Nous parcourons la crête du promontoire de Butuceni vers le monastère orthodoxe. 


Des mariés viennent se faire photographier sur le lieu.
Sites thraco-géto-daces, forteresses turques et monastères rupestres sont répartis sur le territoire : d’anciennes forteresses creusées dans la roche, les restes d’une mosquée et des monastères chrétiens, un ensemble de grottes troglodytiques.
Plusieurs civilisations se sont croisées à Orheil Vechi dont les Thraces, la Horde D’or des Tatars-Mongols au XIVe siècle. Un monastère troglodytique a été creusé au XIIIe siècle par des moines orthodoxes dans la paroi qui surplombe la rivière Răut. 


Les villages de Trebujeni et Butuceni, situés sur les rives du Răut, prennent place dans un paysage superbe de falaises calcaires. Nous parcourons à pied le village de Butuceni. On y découvre l’architecture traditionnelle typique des maisons avec leurs portails majestueux.


A Trebujeni, le guide du Petit Futé nous indique la maison d’hôtes Vila Roz, à l’entrée du village, comme ayant un emplacement de camping. En fait, il s’agit d’un jardin qui ne peut accueillir que des tentes. Ça ne fait rien ! On nous invite à rentrer le Ducato par le portail, en marche arrière, et le garer dans le passage. On nous branche l’électricité. Les sanitaires et les douches sont accessibles.
Le jardin derrière la maison est vaste, agréable et fleuri, le petit chien affectueux. Des hamacs invitent à la sieste.


Un troupeau de chèvres déambule sur le flanc de la falaise d’en face.


Vers 18h, nous mangeons au restaurant de la pension. C’est Liuba, la patronne, native du village, qui nous concocte un menu avec des plats moldaves traditionnels élaborés avec les produits frais locaux : ciorba (soupe moldave), salade şopski (avec tomates, petits concombres, brinza de brebis), sarmale (rouleaux de choux farcis) avec de la mămăligă (sorte de polenta) et en dessert plăcintă aux cerises (galettes), le tout servi avec du vin moldave local. Excellent !

Samedi 8 septembre 2018

Au matin, nous quittons la pension pour rejoindre en Ducato CHIŞINĂU, la capitale.
Le réseau routier, structuré en étoile autour de la capitale, est assez efficace et correct.
Chişinău concentre les contradictions de ce petit pays. Mélange d’identités roumaines et russes où des avenues rectilignes et austères donnent sans transition sur des petites rues arborées et vivantes. Dans les quartiers périphériques, les blocs d’habitation de style soviétique dominent le paysage urbain. Le centre regroupe les bâtiments remarquables à l’architecture du XIXe siècle et offre la richesse culturelle des églises, cathédrales et musées.
Chişinău est considérée comme une des villes les plus vertes en Europe. Quatre grands parcs, une vingtaine de lacs y sont répartis et les arbres y poussent dans presque toutes les rues.

Nous nous garons dans une rue latérale et nous baladons au centre-ville à partir du boulevard Stephan cel Mare, colonne vertébrale de la ville, vitrine de la capitale.
Incontournable est la statue de Stephan cel Mare qui se dresse à l’entrée du parc éponyme comme un symbole pour la ville et le reste du pays.
Stephan cel Mare (Etienne le Grand), apparenté au célèbre Vlad Ţepeş, est un héros de l’histoire moldave. Prince de Moldavie de 1457 à 1504, il combattit les Hongrois, les hordes tatars et repoussa les troupes de l’Empire ottoman.


Le parc est le plus beau de la ville et un lieu privilégié de promenade. Au centre du parc, un jet d’eau, et l’allée des Classiques, succession de bustes de grandes personnalités, écrivains et poètes roumains.
Un festival du vin, organisé sur le boulevard face à l’hôtel de ville, bloque toute circulation, automobile comme piétonne. Pour nous rendre à la cathédrale de la Nativité, il faut contourner tout le dispositif. L’édifice trône au centre d’un parc, en face d’un arc de triomphe auquel on ne peut accéder à cause de la fête. L’ensemble est constitué d’une église volontairement séparée de son clocher. [Ce qui n’est pas sans rappeler la cathédrale de Vilnius en Lituanie.]
Le style est sobre et monumental.


L’intérieur, comme toutes les églises orthodoxes, est riche de dorures. La peinture a été réalisée au début du XIXe siècle par le peintre russe Kovşarov.


Tout près de là, sur le boulevard, on ne peut manquer le Parlement moldave.
Conçu initialement pour accueillir le comité central du Parti communiste, il a été réaffecté dans les années 1990 comme siège du Parlement.


En 2015, des dizaines de milliers de Moldaves y ont manifesté pour dénoncer le scandale du « milliard de dollars » : la disparition frauduleuse des coffres de trois banques de l’équivalent de 12,5% du PIB du pays.
Il faut dire que la corruption est partout. Exclue de la prospère Europe, la Moldavie a une économie à la dérive. Les trafics en tout genre font fleurir l’économie parallèle. Le trafic d’êtres humains - la prostitution - s’est beaucoup développé, au point de devenir presque industriel.
En face, la présidence de la République, tour de style moderne avec des pierres blanches et une façade de verres teintés.
A l’époque, le bâtiment devait accueillir le siège du Soviet suprême de Moldavie.


A midi, nous prenons le repas au restaurant Eli Pili. Connu de tous à Chişinău, depuis 1996, ce restaurant compte parmi les plus fréquentés par les jeunes (et les moins jeunes), en raison de ses prix raisonnables, de sa cuisine savoureuse et de son ouverture constante. Le cadre est fait de vieilles pièces de brocante.

La rue Eugen Doga est l’unique rue piétonne de la capitale, inaugurée en mai 2013, grande nouveauté pour la ville ! Rue pavée, arbres plantés, éclairage reconsidéré en font un passage privilégié. Des restaurants, des bars, des salons de thé et un hôtel animent cette rue que des mariés choisissent pour se faire photographier. 



J’aimerais me rendre au grand marché de la place centrale, mais Viviane, souffrant des hanches, a du mal à marcher. Nous regagnons notre véhicule et quittons la ville.

Notre GPS, non à jour pour les routes moldaves, nous entraîne à nouveau sur la piste de 14 km que nous avons empruntée hier.
Nous sommes de retour vers 17h à la Vila Roz, à Trebujeni. Pour rentrer le Ducato en marche arrière, j’oblige une charrette à cheval et une voiture à attendre la fin de la manœuvre, ce qui ne perturbe pas la troupe de canards qui se repose sur le trottoir devant l’entrée.


On discute un peu avec la fille de Liuba qui parle français. Ce soir, on mange dans le camping-car, mais je vais un peu bavarder avec un hôte français qui dîne au restaurant. Il parcourt la Moldavie pendant une dizaine de jours, de pensions en chambres d’hôte, voyageant en minibus ou d’autres transports en commun.

Dimanche 9 septembre 2018

A notre départ, Liuba offre une rose de son jardin à Viviane. Les Moldaves adorent planter des fleurs et aménager le moindre bout de jardin. Puis elle nous fait la bise. Ce n’est pas courant ! Les hommes et les femmes se serrent la main pour se saluer. Il n’est pas d’usage de s’embrasser.

Nous retournons à Chişinău. A l’entrée en ville, un policier me fait signe de stopper. Comme il voit que nous sommes français, il me demande si tout est OK et me souhaite bonne route. Curiosité ou contrôle d’alcoolémie ? En Moldavie, le taux légal d’alcoolémie au volant est fixé à 0. Lors d’un contrôle policier, la consommation d’alcool du conducteur est évaluée à son haleine. Si l’agent estime que le conducteur a consommé de l’alcool, une prise de sang est effectuée sur le champ au commissariat, à toute heure.
A 9h30, nous avons rendez-vous à Chişinău avec Andrian, un guide d’une agence de tourisme que j’avais contacté depuis la France. En effet, nous désirons entrer en Transnistrie. Il est fortement déconseillé de s’y rendre par ses propres moyens.
Nous partons tous les trois vers l’est avec la voiture d’Andrian sur une soixantaine de kilomètres. Nous rencontrons un poste de contrôle moldave puis nous butons sur la frontière transnistrienne. Nous descendons de voiture jusqu’au poste et présentons nos passeports. Après quelques questions sur les raisons de notre venue (auquel Andrian répond en russe), on nous remet une feuille volante glissée dans le passeport en guise de visa, car aucun tampon diplomatique officiel ne peut être utilisé.
Nous pénétrons alors en Transnistrie.

Après la Seconde Guerre mondiale, Staline adjoint au territoire de Bessarabie la région de Transnistrie. Sous la domination soviétique, la réunion forcée de ces deux régions qui n’avaient rien en commun fut à l’origine des tensions entre les deux populations, roumaines et russophones.
Quand la Moldavie devient indépendante en août 1991, la Transnistrie se déclare indépendante en décembre et réclame son rattachement à la Russie ou à l’Ukraine. Immédiatement éclate en 1992 une guerre civile entre l’armée moldave et les russophones appuyés par les cosaques et la 14e armée russe. A l’automne, la guerre aboutit à un accord : la Russie devenait neutre et la Moldavie s’engageait à ne pas demander son rattachement à la Roumanie (ou, dans ce cas, à laisser le libre choix aux Transnistriens). Malgré ces accords, le conflit n’est toujours pas résolu. La Transnistrie devient un Etat « de facto » sous le nom officiel de République moldave du Dniestr. C’est un « Etat fantôme » non reconnu par la communauté internationale, mais qui possède sa propre constitution, son drapeau, son parlement, son gouvernement, son armée et sa monnaie.

Retour dans le passé aux temps révolus de l’URSS. C’est beaucoup plus net qu’en Gagaouzie.
Le drapeau national comporte toujours la faucille et le marteau. Les langues officielles sont le russe, le moldave et l’ukrainien, mais la plupart des habitants ne parlent que russe. Et même le roumain est transcrit avec l’alphabet cyrillique.
La Transnistrie est un long et mince territoire qui s’étend sur la rive est du Dniestr, mais elle contrôle aussi la ville de Tighina, sur la rive ouest.
Justement, nous y sommes, à Tighina (Bender)
Nous allons visiter la forteresse médiévale.
La forteresse représente un des plus puissants éléments du grandiose système défensif de la Moldavie médiévale. Sous le règne de Stephan cel Mare, c’était une construction en bois. Elle a été consolidée en pierre et a pris la forme que nous lui connaissons aujourd’hui sous le règne de Petru Rareş.



La visite commence par le chemin de ronde puis la montée dans la tour. Beau panorama sur le paysage environnant et aussi sur les hangars abritant les camions, les chars et le stock de munitions de la 14e armée russe, toujours présente dans l’enceinte de la citadelle.


On traverse la grande cour intérieure où sont exposés quelques canons, pour se rendre au musée régional qui présente l’histoire chronologique de la forteresse, puis au musée de la torture qui expose toutes les machineries diaboliques les plus sordides que les hommes ont pu inventer.


Reprenant la route, toujours sur la rive droite du Dniestr, nous faisons une halte au monastère de Noul Neamț à Chitcani. Le monastère a été fondé en 1861 par quelques moines qui sont partis du monastère de Neamț en Roumanie. Le 16 mai 1962, les autorités soviétiques ont fermé le monastère, et l’édifice est devenu un hôpital. En 1990, le monastère a repris son activité.
Il y a trois églises sur le territoire du monastère. L’élément central est son clocher, composé de cinq niveaux.


Nous visitons le site. 


 


Viviane doit se couvrir la tête d’un foulard pour pénétrer dans les églises, comme dans tous les monastères orthodoxes. Comme beaucoup de fidèles, Andrian achète et allume quelques bougies, témoignant ainsi de sa foi.

Peu après, nous franchissons le Dniestr par un bac rudimentaire.


Nous arrivons à Tiraspol, la capitale.
Comme il est 12h45, nous mangeons tous les trois au restaurant « Mafia ». Ça ne s’invente pas !


A ce sujet, le territoire est un des derniers bastions du communisme en Europe, et la mafia règne : réseau de criminalité important et trafics en tout genre. Mais cela ne concerne pas les touristes. Cependant, nous sommes hors de contrôle de l’Etat moldave. En cas de problème, personne, pas même l’ambassade de France, ne peut nous aider.
D’après Andrian, la situation s’arrange, car la Russie ne peut se permettre une zone de non-droit sous son égide.
Partout fleurissent les enseignes Sheriff. Avec une structure très opaque, ce groupe possède de nombreuses entreprises de la région, le réseau des stations-services, une chaîne de supermarchés, une chaîne de télévision ; il gère un complexe sportif et l’équipe de football. Un véritable monopole économique !

Après le déjeuner dans ce restaurant assez chic mais peu onéreux, nous arpentons la rue du 25 octobre. L’avenue principale est assez fascinante, quasiment déserte malgré sa taille gigantesque. Propulsés dans l’univers de l’ex-Union soviétique, nous restons pantois face à cette sensation d’immobilisme ambiant.
Devant le Soviet suprême (le parlement), trône une immense statue de Lénine. 



On passe devant le siège de la banque de la République de Transnistrie,

au palais présidentiel, à la maison des Soviets surveillée là encore par un buste de Lénine.

En face, le mémorial de la guerre célèbre les victimes du conflit du Dniestr en 1992 contre les forces moldaves. Tombe du soldat inconnu, flamme du souvenir et tank de l’armée soviétique… Très militariste, tout ça !



On poursuit cette revue par une promenade dans le parc Pobeda qui célèbre la victoire du peuple soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est un parc très agréable où les habitants de Tiraspol ont l’habitude de se retrouver. Allées bien dessinées, fontaine, stade d’été, bornes de bibliothèque virtuelle, attractions…
Un bureau de change à l’entrée d’un supermarché nous permet d’échanger des lei moldaves et des euros contre des roubles transnistriens. Et nous terminons par des achats dans un magasin. Du caviar et du cognac local à un prix dérisoire.
La Transnistrie émet ses propres timbres. J’aimerais m’en procurer pour notre ami Serge, mais nous sommes dimanche. Ces timbres sont uniquement destinés au courrier intérieur. Pour l’international, les timbres de Moldavie sont nécessaires.

Nous reprenons la voiture pour nous diriger plus au nord, passant par Grigoriopol. Un peu avant Dubăsari, c’est le poste-frontière. Interdit de prendre des photos ou de filmer les installations et les douaniers qui arborent l’uniforme à la faucille et au marteau. Nous traversons une zone neutre jusqu’au Dniestr où l’on traverse un poste militaire russe.
La Russie soutient toujours fortement cette bande de terre, car c’est une base avancée, tout en ne la reconnaissant pas officiellement. Détail cocasse : Seules l' Abkhazie et l’Ossétie du Sud, autres états séparatistes non reconnus, sont représentés officiellement par une ambassade.
Les Transnistriens possèdent souvent trois passeports : le transnistrien qui ne sert à rien, le moldave bien sûr, et le troisième soit russe, soit ukrainien. Ce qui peut se révéler très pratique pour voyager.
A 16h, passé le poste de contrôle « interne » moldave, nous sommes de retour en République de MOLDAVIE et rentrons à Chişinău.
Nous retrouvons notre camping-car. Après avoir réglé sa prestation à Andrian, nous nous quittons. Viviane et moi roulons jusqu’à Străşeni, cherchant un endroit pour passer la nuit. On aperçoit une grande pancarte indiquant « camping ». Mais, comme à Vadul lui Vodă, il ne s’agit que d’un centre de loisirs.
 A 17h30, après avoir demandé l’autorisation, nous nous garons derrière une station-service. La pluie bientôt commence à tomber.

Lundi 10 septembre 2018

Journée pluvieuse. Et là, ça se complique. Les routes moldaves deviennent plus dangereuses encore, avec l’eau qui recouvre les nids de poule inondés. Pas étonnant que les échoppes de vulcaniseurs de pneus soient légion au bord des routes !


A Străşeni, nous retirons des lei dans un distributeur de billets.
Maintenant, vu le manque de structures, il nous faut rechercher un moyen de vidanger nos eaux usées, après quatre jours sans possibilités. Ça n’existe pas !
Malgré un vif sentiment d’atteinte à l’environnement, nous sommes obligés de déverser nos eaux usées dans la nature.

Nous rejoignons Cricova, au nord de Chişinău et nous installons sur le parking devant les caves. Nous mangeons dans le fourgon et attendons l’heure de rendez-vous, prévue à 15h. Il pleut par à-coup.

La Moldavie, le pays du vin ? La culture du vin fait partie du patrimoine de ce pays, dès le Moyen Âge.
Les caves de Cricova existent depuis 1952. Ce sont les plus grandes caves à vin au monde. Creusées dans la roche, elles constituent un réseau de 120 km (jusqu’à 100 m de profondeur). Prestige de la République de Moldavie, Cricova est une ville sous terre, avec des noms de rues qui correspondent au nom des vins conservés, où les bouteilles vieillissent à une température idéale entre 12 et 14 degrés.


Nous nous présentons à l’entrée pour une visite des caves. Le rendez-vous, obligatoire, a été pris hier par Andrian.
A partir de 15h jusqu’à 17h30, nous visitons les caves de Cricova. Nous parcourons cet immense réseau souterrain en petit train touristique avec une guide francophone. Le circuit développe tous les procédés de fabrication et de conservation des vins. On longe des enfilades de tonneaux en bois et de remarquable collection de vins.
Ceux d’appellation « Cricova » ont été de nombreuses fois récompensés lors de concours internationaux.




L’oenothèque comprend 1,3 millions de bouteilles. On y découvre un « trophée », accumulé et pillé à travers l’Europe, celui d’Hermann Göering. Aujourd’hui, on y trouve les collections privées d’Angela Merckel ou de Vladimir Poutine.
Depuis 1967, une collection nationale a été constituée. Tous les pays viticoles de la planète y sont représentés. Le choix ne manque pas : 465 variétés de cognacs, de vins, de liqueurs sont exposées ici.
Le cognac est très populaire en Moldavie. Plusieurs distilleries en produisent depuis près d’un siècle et l’appellent le « Divin » (la marque Cognac étant protégée en France).
Un petit musée sur l’histoire du vin agrémente la visite. 



Une salle de conférence a été aménagée dans laquelle Vladimir Poutine a célébré ses 50 ans. 


Des salles de dégustation luxueuses nous attendent. 


On y goutte une palette de l’ensemble des vins produits à Cricova : vins champagnisés, blancs, rosés, rouges, accompagnés de quelques en-cas moldaves.


On termine, bien sûr, par la boutique. Les grands crus maison y sont exposés à la vente. Nous en repartirons avec quelques bouteilles.

Après cette visite, nous passons la nuit sur le parking du site qui se vide peu à peu de ses véhicules. La pluie a cessé.

Mardi 11 septembre 2018

Il serait temps maintenant de songer à notre trajet de retour.
Au matin, nous faisons route vers la frontière et atteignons Ungheni, au bord du Prout.
Nous cherchons le bureau de poste que j’ai du mal à trouver. Je patiente dans la file d’attente vers les guichets afin d’acheter des timbres pour Serge. Nous faisons quelques courses dans un magasin puis le plein de carburant pour liquider nos derniers lei moldaves. Nous roulons le long du Prout. 


Nous atteignons le poste-frontière moldave à 13h05. On subit quelques tracasseries au sujet d’un numéro de série du Ducato dont personne ne connaît l’emplacement sur le véhicule. A 13h50, après le passage du  deuxième poste-frontière, nous sommes à nouveau en  ROUMANIE.

Nous roulons en Moldavie roumaine.
Fondé au XIVe siècle, le voïvodat de Moldavie résista à la pression ottomane, notamment sous Stephan cel Mare. Île de latinité et bastion de l’orthodoxie, la Moldavie s’étendait jusqu’au Dniestr et à la mer Noire. Au début du XIXe siècle, la Russie des tsars s’attribuait la partie est de la Moldavie, la Bessarabie, aujourd’hui République moldave.
La Moldavie roumaine est la région du pays la plus en retard économiquement mais la plus riche spirituellement, grâce à ses monastères et ses églises.

Vers 18h, nous débarquons dans le village de Tazlău, lové dans un repli du piémont des Carpates. Suite à une indication du Guide du Routard, nous sommes à la recherche de la maison de la famille Florean qui propose des chambres d’hôtes avec camping attenant. Mais pas d’indications dans la rue et personne à la maison ! On téléphone au numéro indiqué dans le guide. Une dame, francophone, nous répond qu’elle arrive.  En effet, suite à des travaux d’installation de gaz, son établissement est provisoirement fermé. Qu’à cela ne tienne, elle nous ouvre le portail et nous installe dans le jardin qui fait office de camping. On peut brancher l’électricité, utiliser les sanitaires et les douches (mais qui seront froides).
Angelica, professeur de français récemment à la retraite, s’aperçoit que nous sommes d’Ardèche. Elle nous annonce que son village est jumelé avec Lamastre (située à 13 km de St-Apollinaire où nous habitons) !
Viviane regrette quand même de ne pas pouvoir profiter de la bonne cuisine moldave et des confitures de notre hôte.

Mercredi 12 septembre 2018

Quelques familles, dont nos hôtes, ont constitué une association pour maintenir la qualité de la vie dans leur village. Ils éditent même une revue culturelle villageoise.
Nous allons nous balader dans les rues de Tazlău pour admirer les maisons avec le traditionnel portail en bois et une multitude de détails décoratifs.




 

Le monastère, quant à lui, est fermé pour rénovation. On ne peut que l’observer de loin depuis son petit cimetière. Construit à la fin du XVe siècle par Stephan cel Mare (Etienne le Grand), sobre et élégant, il accueille encore deux moines. 


De retour à la maison d’hôtes, Viviane ramasse des noix fraîches.


Nous quittons Tazlău pour faire route vers l’ouest.


Nous traversons les Carpates orientales. Le trajet, grandiose, traverse les gorges du Bicaz, profondes et très resserrées.


Des boutiques de souvenirs sans intérêt jalonnent le bord de la route qui sinue entre les falaises.
Ce défilé relie la région de Moldavie à la Transylvanie, en Pays sicule. La contrée est habitée par une population de langue hongroise localement majoritaire. 
Nous montons le col du Bicaz (1258 m). Les paysages sont magnifiques.

L’après-midi, nous faisons route jusqu’à Cluj-Napoca, grande ville multiculturelle de Transylvanie (cf. 31 août 2006). 20 km plus loin, nous trouvons à 19h le camping Eldorado, à Gilău.

Jeudi 13 septembre 2018

Le matin, nous reprenons notre trajet vers l’ouest.


Sur le parcours, les passages à niveau sans barrières sont très courants. Un simple panneau de signalisation indique qu’il faut marquer le stop avant de s’engager.
On remarque de temps en temps dans la nature des remorques stationnées chargées de ruches. Ces abeilles mobiles sont transportées par camions jusqu’aux meilleurs lieux de butinage.

Nous roulons  jusqu’à Oradea (province de la Crişana).
Cette province de l’ouest, le long de la frontière hongroise, fut longtemps administrée par les Hongrois. Elle en garde le souvenir dans son architecture de style austro-hongrois.
Nous nous arrêtons pour que Viviane puisse photographier une charrette à cheval. Mais celle-ci bifurque juste avant la photo. Le monsieur qui l’a aperçue nous rejoint avant que je ne redémarre et emmène Viviane jusqu’au cheval dételé mais encore harnaché. Bientôt, tous les voisins s’attroupent avec les enfants tout autour…


Un problème  technique vient de se signaler dans le Ducato. Un voyant s’allume par intermittence, indiquant que les plaquettes de frein sont usées. Que faire ? Il nous reste encore pas loin de 2000 kilomètres à effectuer. Je téléphone donc à l’assurance du véhicule pour qu’elle nous indique un garage. Nous finissons par trouver un concessionnaire Fiat à l’entrée d’Oradea.
De 13h30 à 16h30,  nous allons patienter au garage pendant le changement des quatre paires de plaquettes de frein.

Dans la soirée, nous poursuivons notre voyage le long de la frontière hongroise jusqu’à Arad. Le Routard nous indique un camping à Lipova. Après quelques hésitations (le GPS du camping-car devient fou !), nous atteignons vers 20h un soi-disant camping international. C’est en fait un parc de bungalows. La nuit va tomber. Nous sommes garés sur un espace bétonné pas très accueillant. Il faut se faire ouvrir les sanitaires qui sont  fermés. Nous réglons la nuitée auprès d’un gardien qui nous réclame le tarif d’un bungalow. Il n’a pas l’air très content que Viviane lui demande une facture. Ça l’empêchera d’encaisser pour lui l’argent liquide. Oui, bon, demain matin…
On va tout de même passer une nuit correcte, sans problème.

Vendredi 14 septembre 2018

A notre départ, par paresse ou par facilité, on ne réclame pas la facture…
Traversant Arad, nous nous dirigeons vers Nădlac. Nous arrivons à 10h15 à la frontière. Il est 9h15, heure occidentale.
Nous roulons en Hongrie, passant à Szeged, dans l’extrême sud du pays. 


Nous atteignons la frontière de SERBIE à 10h30.
Première ville après la frontière : Subotica, au nord de la Voïvodine. Nous nous garons en ville et déjeunons dans un restaurant.
Pour moi, ce sera des ćevapčići  (petits rouleaux de viande de bœuf cuits au feu de bois et servis avec des oignons), pour Viviane un goulasch. Le tout à un tarif imbattable !
Ville multiconfessionnelle et multiethnique, sur la route entre Orient et Occident, la ville fut autrefois un rendez-vous mondain pour les Viennois et les Hongrois, attirés par les parcs ombragés et les thermes de Palić.

Nous nous promenons en ville, depuis la place centrale, bien arborée.


Gradska kuća (la mairie) est l’emblème et la fierté de Subotica, dans un style Sécession hongroise. Elle est visible de tous les coins de la ville.



Likovni Susbet, en bordure du parc Lénine, est un étonnant édifice à la Gaudi dans un style Art nouveau


Lorsque nous sommes de retour au Ducato, un PV sur le pare-brise. Nous n’avions pas vu que le stationnement était payant. Un policier nous indique que c’est un agent de la ville qui passe régulièrement. Il me faut donc me rendre à la poste pour m’acquitter de cette amende.

Nous reprenons notre trajet par Sombor et Bezdan. Je m’arrête pour prendre du carburant afin de liquider nos fameux dinars serbes que nous traînions avec nous depuis l’aller.
Nous retrouvons le Danube que nous franchissons pour entrer en CROATIE vers 16h. Peu après la frontière, je retire des kunas dans le distributeur automatique d’un bureau de poste. Au village de Suza, une petite pancarte en bord de route nous interpelle. Il s’y trouve un mini-camping très sympathique où nous nous installons. 


Par la suite, je sors dans le village pour trouver un bistro et boire une bière fraîche. Je rencontre en cours de route le propriétaire du camping qui nous a aperçus et m’informe que quelqu’un viendra encaisser la nuitée. Plus tard, à la tombée de la nuit, ce seront son fils et son petit-fils qui passeront.

Samedi 15 septembre 2018

C’est sur notre route : nous allons faire halte à Osijek. Lors de la guerre yougoslave de 1991, les troupes serbes massées sur la rive nord de la Drave bombardèrent lourdement la ville ; mais les destructions n’atteignirent heureusement pas le niveau de celles de Vukovar.
De bon matin, nous garons le fourgon sur un parking le long des rives de la Drave.
Nous nous promenons dans la ville haute sur Kapucinska où s’imposent l’église St-Jacques-le-Majeur et l’hôtel Royal de style revival. Par Europska avenija, où l’on remarque la façade colossale de la grande poste, nous marchons jusqu’à Tvrđa, la vieille ville. De nombreuses façades portent encore des impacts de balles.


La place Sainte-Trinité présente une harmonieuse architecture, entourée de prestigieux édifices, avec sa colonne votive de 1729. 


Une ondée brève nous incite à aller boire un café dans un des bistros de la place. On rejoint la Porte d’Eau, dernière survivante des quatre portes de la ville, et un bastion vestige des remparts.


Sortant de la vieille ville, nous sommes intrigués par des œuvres d’art en paille entreposées sous un rempart. Elles sont présentées lors de diverses manifestations ou festivals, nous dit le frère de l’artiste.


Au retour, de nouveau un PV sur le capot ! Cette fois, nous ne comprenons pas ce qu’il faut faire. Nous nous renseignons auprès d’un jeune qui nous explique que l’on peut payer avec une application sur le smartphone. Je lui demande s’il ne peut exécuter la transaction avec le sien. Ce qu’il accepte volontiers. Et lorsque je propose de lui en rembourser le montant, il refuse en nous souhaitant bon voyage !

Nous poursuivons notre périple en parcourant tout le nord de la Slavonie où s’égrènent les villages-rue, au travers des riches terres des plaines agricoles de la Pannonie, grenier à blé de la Croatie.
A 17h20, nous arrivons à Varaždin, à 80 km au nord de Zagreb. Il n’y a pas de camping, mais il est possible de s’installer pour la nuit à côté du restaurant d’un centre nautique.
On craint le pire : un groupe d’hommes s’est réuni sur la pelouse en arborant un drapeau croate (des supporters de foot ?). D’autre part, un repas de mariage se déroule au restaurant…

Dimanche 16 septembre 2018

Pas eu de problème de bruit : on n’a pas entendu revenir le groupe, et les invités au mariage sont repartis vers 4h du matin sans que cela ne me réveille. (Viviane, si !)

Il est 6h. Légère brume sur le plan d’eau. La mariée quitte le restaurant.


De 7h30 à 9h, nous parcourons les rues de  Varaždin, une superbe ville baroque. Quel plaisir de se laisser aller au fil des placettes et des ruelles, qui sont presque désertes à cette heure.
Entre autres, on parcourt « Zagrebačka ulica » avec ses belles maisons basses ; on flâne sur la place Tomislava, cœur baroque de la ville ; on visite la cathédrale de l’Assomption, à la richesse époustouflante ; on découvre le palais Sermage et son décor peu habituel, etc.




Encore 20 kilomètres de route et, à Ormož, nous entrons à 10h en SLOVENIE. On retrouve l’euro.
Le paysage change. Les Alpes slovènes se profilent. Nous roulons vers Celje puis le village de Vransko, où nous essayons de nous remémorer les lieux où nous étions passés lors de notre premier voyage en Slovénie indépendante le 20 août1993 avec Caroline. On reconnaît sur les hauteurs l’église toute blanche qui se détachait à la tombée de la nuit depuis l’auto-camp de Vransko que nous ne retrouvons pas.
Par contre, à Kranj, au pied des Alpes slovènes, nous faisons un arrêt et une balade dans la ville.


Et là, je reconnais la place et le bistro où le 18 août Viviane avait récupéré un verre d’«Union pivo», bière locale, que lui avait gentiment offert la serveuse. 


De retour sur l’esplanade principale, nous constatons que des statues de type « réalisme socialiste » de l’époque yougoslave sont toujours debout.


Nous nous dirigeons maintenant vers les Alpes juliennes. Les perches des cultures de houblon tapissent les champs des bords de route.
Vers 17h30, nous avisons un camping à Mojstrana où nous allons faire halte.

Lundi 17 septembre 2018

Beau lever de soleil sur les Alpes juliennes.


On quitte le camping vers 8h.
A 8h30, on pénètre en ITALIE par le « passo di Fusine » (850 m).
A Tarvisio, nous nous engageons sur une petite route indiquée par le GPS. Il y a des signalisations de travaux peu claires. Au bout d’une vingtaine de kilomètres de montagne, près de Sella Nevea, juste après un tunnel, la route est complètement barrée et trop étroite pour faire demi-tour. Il va me falloir repartir en marche arrière à l’intérieur du tunnel avant de pouvoir enfin effectuer un demi-tour.

Nous allons rouler toute la journée au nord de l’Italie dans les Alpes juliennes et carniques, avec les paysages somptueux des Dolomites en toile de fond, traversant en cela la région du Frioul-Vénétie julienne, la Vénétie, le Trentin-Haut Adige.




Nous atteignons la ville de Trento vers 18h. C’est la mauvaise heure. Des embouteillages commencent à se former. Je me renseigne auprès d’une station-service qui me fournit l’adresse d’un camping au nord de la ville, à Lavis. Avec le GPS, nous parvenons à le trouver tant bien que mal. Il s’agit d’un espace enherbé derrière une auberge. A priori assez sympathique au premier abord. Mais lorsque nous sommes installés, on se rend compte que nous sommes coincés entre une grande route très bruyante et une ligne de chemin de fer très fréquentée, juste derrière la haie ! Une nuit agitée en perspective…

Mardi 18 septembre 2018

En fait, le raffut s’est calmé de 23h jusqu’à 4h du matin, heure à laquelle les trains ont recommencé à circuler.

Nous empruntons une route en montagne vers l’ouest. C’est au « passo del Tonale » (1884 m) que nous entrons en Lombardie.
Trajet vers le lac de Côme.
Décrit par Stendhal dans « La Chartreuse de Parme », le « lario » a été le lieu de prédilection des romantiques au XIXe siècle. Paysages merveilleux et douceur du climat expliquent la présence de tant de belles villas sur les rives.
L’après-midi, nous longeons la rive ouest du lac, de Domaso à Côme. La route serpente le long du lac au niveau de l’eau, offrant des points de vue superbes. 


Mais elle est étroite et encombrée par la circulation, notamment dans la traversée des nombreux villages qui s’égrènent sur la rive. Sacrifiés au tourisme, ceux-là ont depuis longtemps perdu leur âme de villages de pêcheurs.
Nous traversons Como (Côme) sans nous y arrêter. Nous allons suivre maintenant la superbe route de la rive est. Pendant 30 km, elle surplombe le lac d’une cinquantaine de mètres. Etroite et sinueuse, elle offre des vues plongeantes époustouflantes. La circulation est difficile, compliquée par la conduite scabreuse des Italiens.
On arrive à Bellagio. Située sur la pointe du triangle qui sépare le lac en deux branches, c’est une station balnéaire et touristique appréciée des Italiens. Tous les Milanais et les habitants de la région s’y ruent les week-ends ensoleillés pour remplir les terrasses des cafés. La ville est d’ailleurs inaccessible en voiture le week-end, et tous les jours en été. Mieux vaut prendre le bateau.
Nous trouvons un petit camping aux abords de la ville. En hauteur, avec vue sur le lac, calme et sympathique, c’est également un centre équestre. Par contre, les tarifs pratiqués sont onéreux.


Mercredi 19 septembre 2018

6h30 : le jour se lève sur le lac.


8h : à Bellagio, nous embarquons sur un ferry qui traverse le lac vers Cadenabbia, rive ouest.



On rejoint Côme, à nouveau par la rive ouest. La circulation est plus calme qu’hier après-midi.
[Le 27 juin 1972, j’avais passé la matinée à Côme avec Hichem au bord du lac, attendant de prendre un train vers Chiasso.]

On se dirige vers la SUISSE dont la frontière est à 6 km de Côme.
Passée la frontière, on change des euros contre des francs suisses. Nous sommes à Chiasso. C’est la commune la plus méridionale du pays, dans le canton du Tessin, de langue italienne.
Le canton du Tessin est le seul des 26 cantons helvétiques à être entièrement italophone. Autre caractéristique, c’est le seul à se situer totalement au sud des Alpes. Il est entré dans la Confédération helvétique en 1803.
On traverse Lugano, 3ème place financière suisse, sur la rive nord du lac éponyme, sans un regard pour ses boutiques de luxe…


On passe ensuite à Bellinzona, capitale du canton. Un peu plus loin, au village de Biasca, on s’arrête dans une pizzeria.
Le Tessin reste un sas de l’Italie. Le climat, la mentalité, la culture et la nourriture sont plus proches du Piémont ou de la Lombardie que de la Suisse alémanique. Donc, tout naturellement, on va déguster chacun une bonne pizza bien copieuse, avec une chope de bière en ce qui me concerne.

Bientôt la route s’élève le long de la rivière Tessin, dans la vallée de la Leventine jusqu’à Airolo. 


Puis c’est la grimpée impressionnante vers le passo San Gotardo (col du Saint-Gothard ) à 2108 m. Cette ancienne route est encore partiellement pavée. 


Le St-Gothard est un des plus importants axes routiers et ferroviaires transalpins.
Ce franchissement assurait l'essentiel des flux directs de personnes et marchandises entre le nord de la Suisse, le Tessin et l'Italie, et plus généralement entre le centre de la plaine du Pô et l'Europe du Nord. Par la suite, l’ouverture du tunnel ferroviaire en 1882 s’est révélée essentielle dans l’histoire du Tessin qui connut son premier développement économique.
Au col, nous passons dans le canton d’Uri, un des trois cantons de la Suisse primitive. C’est un canton alémanique.
Nous descendons sur Andermatt par une route historique et tortueuse.
De là, nous changeons d’orientation pour grimper rudement jusqu’au Furkapass (2431 m). C’est un des passages alpins les plus élevés de Suisse. Le panorama montagnard est exceptionnel. On y fait un arrêt pour admirer un glacier qui rejoint le col.



Le col marque la ligne de partage des eaux européenne : à l’ouest, le jeune Rhône s’écoule vers la Méditerranée, alors que de l’autre côté, l’eau de la Furkareuss s’enfuit vers la Mer du Nord. 
La route descend maintenant en lacets serrés dans le canton du Valais. Sur ce versant, près de l’hôtel Belvédère à environ trois kilomètres en dessous du col, la vue s’ouvre sur le glacier du Rhône qui donne naissance au Rhône.

Passant à Oberwald, à 1370 m d’altitude, on rejoint un camping à 17h45. Non loin du Rhône, il est situé dans un cadre naturel agreste avec des équipements rustiques tels que tonneaux et yourtes. Un wagon sert de salle commune. Et bien que l’on soit en Suisse, il est moins cher que celui d’hier en Italie.
Nous stationnons derrière une haie, à proximité d’un torrent.


Jeudi 20 septembre 2018

Nous descendons le long de la vallée du Rhône supérieur, colonne vertébrale du Valais. A cette altitude, le fleuve n’est encore qu’un torrent.


Les villages s’égrènent le long du trajet avec leurs magnifiques chalets en bois.


On traverse Sion et Martigny pour atteindre la plaine du Rhône où le fleuve se jette dans le lac Léman.
Lors de notre pause méridienne habituelle, nous prenons notre temps : repas, sieste, lecture…

Atteignant le canton de Vaud, nous traversons Aigle, dominée par son château dressé au milieu des vignes. C’est la dernière station avant de commencer à monter dans les Alpes vaudoises.
Nous arrivons vers 15h30 à Leysin. Peuplé, des siècles durant, par une population de paysans montagnards, ce village acquit à la fin du XIXe siècle une réputation internationale en accueillant des malades de la tuberculose. Après la découverte d’un traitement antibiotique efficace pour lutter contre cette maladie, les cliniques fermèrent petit à petit dans les années 1950-1960. Leysin se convertit alors en station de tourisme d'hiver et d'été. Les anciens sanatoriums furent transformés en établissements hôteliers et en écoles internationales. Ce qui fait que dans les rues on y entend parler toutes les langues.
Nous terminons ce voyage chez Caroline et son compagnon Rudolf. Nous y passons l’après-midi et la nuit.

Demain vendredi, nous rejoindrons Alexia et David à Saint-Sulpice ; samedi, Patricia avec Jean-Lionel à Genève ; dimanche, nous serons de retour chez nous à St-Apollinaire de Rias, en Ardèche, après 7900 km de voyage.


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