Lundi
27 août 2018
Partis
d’Ardèche mardi 21 août à bord de notre petit camping-car Ducato, Viviane et
moi sommes parvenus en Alsace où je participais à Strasbourg aux journées d’été
d’Europe Ecologie – Les Verts.
Ce
matin, départ à 8h30 de chez Jean-Claude où nous avons logé, à Plobsheim, pour
un voyage tout au long du Danube.
Nous
passons de suite en ALLEMAGNE.
Nous
traversons la Forêt-Noire pour atteindre vers 11h Donaueschingen. Là, deux cours d’eau, la Brigach et
la Breg, s’y rencontrent, et le fleuve prend le nom de Danube. Dans le
parc du château, se trouve la fontaine monumentale du XIXe siècle,
dite «Donauquelle», qui symbolise la source officielle du Danube.
Le Danube a porté le nom de la ville à
travers l’Europe. Le fleuve s’écoule de la Forêt-Noire à la
Mer Noire sur 2850 km .
Par
la suite, au cours de la journée, nous roulons en Bade-Wurtemberg, passant à
Ulm, puis en Bavière, suivant approximativement le Danube. Durant le trajet,
nous apercevons des champs entiers couverts de panneaux photovoltaïques. Plus
loin, ce sont les perches de culture du houblon qui parsèment le paysage.
Après
avoir contourné Augsburg, nous atteignons Regensburg
(Ratisbonne) et nous installons à 17h30 dans un camping au bord du fleuve.
Mardi
28 août 2018
Le
matin, nous récoltons un peu d’eau du fleuve dans une petite bouteille pour
la rapporter à Geneviève, une collègue
de Saint-Apollinaire.
Vers
8h, nous prenons un bus devant le camping pour aller visiter Regensburg. La ville, grâce au Danube, s’est développée
au Moyen Âge et devint plus tard la première capitale de la Bavière avant
d’être élevée au rang de ville impériale par les empereurs du Saint Empire
romain.
Le
Steinerne Brücke (pont de pierre), chef-d’œuvre de l’architecture
médiévale des ponts, bombé en son milieu, enjambe le Danube.
Nous
nous promenons à travers les ruelles sinueuses de la vieille ville médiévale (épargnée par les bombardiers américains
lors de la Seconde Guerre mondiale). La cathédrale est l’édifice qui
compte la plus grande surface de vitraux en Allemagne. Le Rathaus
(l’hôtel de ville) est un bel édifice gothique des XIIIe et XIVe
siècles.
Nous
rentrons au camping en bus et prenons ensuite la route jusqu’à Passau, ville
frontière sur le Danube, que nous avions visitée le 1er octobre 2011.
Nous
entrons en AUTRICHE
un peu avant midi. A la frontière, nous achetons une vignette, car nous serons
amenés à utiliser parfois des autoroutes.
Le
trajet se déroule d’abord en Haute-Autriche, avec le Danube en fil rouge, au
travers d’un paysage apaisé jusqu’à Linz.
De
15h45 jusqu’à 17h, nous visitons le camp
de concentration de Mauthausen, le plus sinistre camp de la mort nazi en
Autriche. Le site fut choisi en 1938 en raison
de son importante carrière de granit. Les premiers déportés étaient des
condamnés de droit commun. Puis ce furent des « asociaux »
communistes, socialistes, tziganes, juifs, dénommés les « parasites du
peuple ». 122 766 déportés y périrent. Le camp fonctionna pendant
sept ans, jusqu’en 1945.
Une
grande partie du camp a été conservée : mur d’enceinte, porte d’entrée,
miradors et quelques baraquements d’habitation.
Les
baraquements ont été vidés de leurs installations, car après la libération du
camp, les troupes soviétiques l’ont utilisé comme casernement.
Au
sous-sol subsistent des salles d’exécution, des fours crématoires et des
chambres à gaz.
Le
long de la voie menant au camp, près des baraques des gardes SS, on parcourt un
mémorial où chaque pays a élevé des monuments ou déposé des plaques pour rendre
hommage à ses morts.
Tant
de souffrances et d’atrocités, à côté d’un paisible village au bord du
Danube !
Notre
trajet se poursuit par autoroute en Basse-Autriche jusqu’à Sankt-Pölten. Nous
faisons halte à 19h30 dans un camping à Krems. Indiqué par le Guide du Routard,
le Donaupark est situé au bord du Danube, avec une jolie vue sur l’abbaye de
Göttweig.
Encore
beaucoup de monde, par contre, dans ce camping !
Mercredi
29 août 2018
On
parcourt Obere Landstraβe, la rue commerçante aux belles demeures
patriciennes et hôtels particuliers - Untere Landstraβe - Hoher Markt
- Pfahrplatz,
où se dresse la riche église paroissiale Sankt Veit.
Nous
roulons ensuite sur des routes ordinaires vers Wien (Vienne) et traversons le Danube
sur un bac. Par le nord-est, nous contournons la capitale, déjà visitée en 1980
et 1995.
Nous
nous dirigeons par une petite route vers la SLOVAQUIE.
La
Slovaquie a intégré l’Union européenne le 1er mai 2004.
Elle est membre de l’espace Schengen
depuis 2007 et de la zone euro depuis 2009.
Nous
contournons également la capitale, Bratislava, que nous avons visitée en 1995. Nous
continuons par une route du sud qui longe le fleuve.
Vers
17h, nous apercevons une pancarte discrète qui indique un camping et empruntons
le chemin qui y mène. Il s’agit d’un emplacement champêtre uniquement prévu
pour les tentes. Mais la famille de l’auberge nous ouvre le portail du pré, et
l’on peut s’installer, brancher l’électricité.
Tout
à côté, une cigogne blessée qui ne peut plus s’envoler traîne son ennui dans un
enclos restreint. Elle s’approche, curieuse, de la clôture.
Jeudi
30 août 2018
Le
matin, nous roulons vers Komárno, franchissons le Danube pour entrer en HONGRIE
vers 9h. Le pays est membre de l’espace Schengen, mais pas de la zone euro. Il
nous faudra donc retirer des forints.
Nous
nous dirigeons vers la boucle du Danube, traversant des villages aux petites
maisons aux couleurs vives alignées sur une seule rue, aux entrées enherbées,
accessibles par un petit pont enjambant la rigole.
Arrêt
à Esztergom.
Cette
petite ville baroque est dominée par une énorme basilique, la plus
grande de Hongrie, pas franchement esthétique.
A
l’intérieur, un grand dôme de style byzantin laisse toute sa place à la lumière
naturelle. Sur la terrasse, la vue plonge sur la ville, le Danube et le pont
vers la Slovaquie.
Par
contre, les ruines du palais royal sont plus intéressantes. Le musée
installé à l’intérieur conte l’histoire du site. On peut y découvrir diverses
couches archéologiques, avec les murs de fondation des Xe et XIIe
siècles.
Nous
continuons à côtoyer le Danube, entre les montagnes de Börzsöny sur la rive
gauche et de Pilis sur la rive droite qui contraignent le fleuve à dévier son
cours en une boucle de 120 km .
L’après-midi,
au nord de Budapest, arrêt à Szentendre,
joli village d’origine serbe, aux multiples façades baroques. Nous nous
baladons dans la ville aux alentours de la place Fö tér. Nous voulions revoir
ce village que nous avions visité le 23 août 1982, lors de notre premier voyage
à l’époque communiste. On reconnaît bien les rues du centre, beaucoup plus touristiques
il est vrai. Les terrasses des cafés sont bondées, là où stationnaient à l’époque
les petites Traban.
Continuant
notre voyage, nous traversons Budapest sur la rive droite du fleuve sans nous
arrêter (nous connaissons déjà !). En face, sur l’autre rive, se détache
la silhouette éclectique du Parlement.
Vers
16h, la circulation commence à devenir difficile. Au sud de la ville, nous sommes
prisonniers d’énormes embouteillages dont on ne sait comment se sortir. En
désespoir de cause, nous allons accomplir un immense détour vers l’ouest par
Bicske et Székesfehérvár pour rejoindre bien plus au sud le Danube. On commence
à s’inquiéter, car nous ne rencontrons aucun camping et la nuit tombe. A Dunaújváros, nous suivons vers 20h, de
nuit, l’indication d’un camping. C’est surtout un parc de bungalows qui date de
l’époque communiste. Faible lumière à l’entrée, accueil par un gardien qui ne
parle que russe.
Nous
nous installons dans l’obscurité.
Vendredi
31 août 2018
Il
est plutôt délabré, le camp ; et les sanitaires également.
Nous
cherchons à vidanger nos eaux usées. Lorsque le responsable arrive, il est embarrassé :
c’est la première fois qu’on lui demande ça ! Après réflexion, il nous
ouvre une bouche d’égout où nous pouvons déverser nos eaux. Un robinet nous
permet également de faire le plein en eau propre.
Nous
reprenons la route vers le sud de la Hongrie, jusqu’à Udvar. C’est la frontière
avec la CROATIE,
que nous franchissons à 11h45.
Contrôle
des passeports. Bien que membre de l’Union européenne, la Croatie ne fait pas
partie de l’espace Schengen.
Nous
sommes en Slavonie orientale, à l’extrême nord-est du pays. Nous faisons une
halte à Vukovar, ville martyre du
conflit yougoslave. Petite balade au centre historique. Aujourd’hui la
reconstruction de la ville est presque achevée, en comparaison de ce que nous
avions connu lors de notre passage le 6 septembre 2006. Les touristes visitent
le centre, photographiant les dernières traces visibles de la guerre, des pans
de murs encore criblés d'impacts de balles.
Une
zone 3D, la première de Croatie, a été récemment créée. Ainsi, un pont piétonnier
sur la rivière Vuka, à sa confluence avec le Danube, retient l’attention par
ses images en trois dimensions créées en juillet 2016 par Philip Mrvelj, le
seul artiste d'art croate 3D. Pour voir l’œuvre en relief, il suffit de se
placer depuis un emplacement précis marqué au sol.
On
reprend la route. Vers 17h, nous atteignons Ilok, frontière avec la SERBIE.
On
quitte ainsi l’Union européenne. Sur les panneaux routiers, l’alphabet cyrillique voisine avec l’alphabet latin.
Nous
poursuivons par Novi Sad, en Voïvodine, jusqu’à Zemun, aux abords de Belgrade. A 20h, nous gagnons de nuit le camping
Dunav, en surplomb du fleuve.
Il
a bien changé, ce camping, depuis nos passages en septembre 2006 et 2010 dans
cet « auto-camp » un peu défraîchi que nous conseillait le guide du
Petit Futé. Maintenant, il est tout-à-fait aux normes occidentales.
Samedi
1er septembre 2018
Le
soleil se lève sur le fleuve en contrebas.
Après
avoir quitté le camping, on traverse Belgrade puis on roule en Serbie centrale
jusqu’au défilé du Đerdap, dans les gorges du Danube, entre Serbie et Roumanie.
Vers
14h, nous atteignons le site archéologique de Lepenski vir.
En 1965 a été mis à jour le
plus ancien site néolithique d’Europe : un village préhistorique datant
de 8000 ans avant notre ère. Selon les archéologues, c’est le site découvert
le plus complet de cette période de notre préhistoire.
Nous
pénétrons sur le terrain.
Après
un parcours en forêt, on atteint un bâtiment
couvert abritant une centaine de maisons de plan trapézoïdal construites
en brique rouge et en pierre calcaire, la plupart d’entre elles reposant sur
des petites plates-formes en pierre. Un film sur l’historique du site puis un
petit musée attenant complètent la visite.
Le
Danube s’élargit pour adopter la configuration d’un lac. A partir de Donji
Milanovac, le fleuve décrit un brusque méandre vers le nord, son cours devient
de plus en plus étroit et on s’engage dans le défilé de Kazan.
Vers
17h (18h, heure locale due au changement de fuseau horaire), on franchit le
Danube.
On
pénètre en ROUMANIE
près de Drobeta-Turnu-Severin, dans la région des Portes de Fer.
Retour
dans l’Union européenne.
A
la frontière, le bureau de change est fermé. Que faire avec nos dinars
serbes ? De plus, il faut se procurer la « rovinietă », une vignette routière électronique
obligatoire. Mais là aussi, le bureau de la frontière est fermé. Il me faudra
m’en procurer à la prochaine station-service rencontrée.
La
route que nous empruntons vers le sud s’éloigne du Danube.
Comme
nous ne trouvons pas de camping, nous faisons étape vers 20h sur une aire
internationale de parking pour camions, à Vinju Mare. On règle deux euros au
gestionnaire de l’aire, et l’on peut utiliser les toilettes du restaurant
attenant (indescriptibles, d’après Viviane !).
Perdus
au milieu des poids lourds de toutes nationalités, nous ne dormirons
guère : navettes des véhicules, ronflements des climatiseurs de certains
camions…
Dimanche
2 septembre 2018
On
continue notre voyage.
Les
routes de Roumanie sont redoutables.
Certains
tronçons sont truffés de nids-de-poule. Il faut redoubler de vigilance, car
les Roumains roulent vite, n’importe comment et ne respectent absolument pas
les limitations de vitesse. Certains sont de véritables chauffards qui vous
doublent en agglomération d’un air rageur et franchissent allègrement les
lignes continues, y compris les poids lourds. A cela s’ajoutent les chiens
errants qui surgissent et les charrettes à cheval, important moyen de
locomotion en zone rurale.
Nous
rejoignons le Danube à Calafat, frontière fluviale avec la Bulgarie. Nous y
faisons un arrêt et retirons des lei dans un distributeur de billets.
On
reprend la route, côté roumain, à travers la Valachie. Les principautés de Valachie et de Moldavie ont été à l’origine de
l’indépendance de la Roumanie vis-à-vis de l’Empire ottoman, en 1878.
Aujourd’hui,
nous roulons toute la journée vers l’est, passant à Craiova et Alexandria,
parallèlement au fleuve mais loin de lui, car le but est de rejoindre Bucarest.
Nous
traversons la capitale dans la soirée et recherchons un endroit pour dormir,
dans la campagne au nord de la ville, car le Routard ne nous propose rien. La
nuit tombe et nous cherchons en vain. C’est notre belle-fille Patricia, depuis
la Suisse, qui va nous trouver la solution. Suite à un message SMS de Viviane,
elle fait une recherche sur internet et nous indique une adresse de camping au
nord de Bucarest.
De
nuit, à 21h, nous atteignons le camping Casa Alba, situé dans la forêt Baneasa,
dans une zone de détente, loin du bruit de la ville. Nous sommes garés sur un
rond-point central en enrobé, autour de quelques bancs et d'un bouquet de
saules pleureurs. On prévoit d’y rester deux nuits.
Lundi
3 septembre 2018
A
8h30, nous prenons un autobus devant le camping pour nous rendre à BUCUREŞTI (Bucarest).
Comme l’explique le GdR, Bucarest, marquée
par sa latinité unique en Europe de l’Est et par une histoire riche en rebondissements,
n’est pas toute grise, ni triste, ni délabrée, même si par endroits les
immeubles sont décatis et que d’immenses toiles d’araignées de câbles
électriques enchevêtrés font partie du paysage urbain.
Depuis la fin de l’ère Ceauşescu en
1989, et grâce à l’aide financière de l’Union européenne, la capitale ravale
ses façades, modernise ses infrastructures, met en valeur ses quartiers
historiques.
Après
avoir réussi, non sans quelques difficultés, à nous localiser en ville, notre
point de départ sera la piaţa Unirii. Nous remontons le boulevard Unirii.
Appelé « boulevard de la Victoire du
Socialisme » sous le communisme, il se voulait le rival de l’avenue des
Champs-Elysées, avec pour apothéose le palais qui résume la mégalomanie de son
concepteur.
Le
palais du Parlement, dressé sur une petite colline, serait le deuxième
bâtiment officiel du monde par son volume, après le Pentagone.
Pour bâtir son démentiel palais, Ceauşescu
détruisit l’équivalent de la surface de trois arrondissements parisiens, un quartier
qui n’avait pas été touché par le tremblement de terre de 1977. C’était une
zone historique : 12 églises, 3 monastères, 7000 maisons anciennes furent
rasés.
70 000 personnes durent quitter
leur foyer pour rejoindre les grands blocs collectifs de la périphérie.
Le
palais était destiné à abriter tous les pouvoirs centraux de l’Etat
totalitaire. Il abrite aujourd’hui le Parlement roumain, le Sénat et la Cour
constitutionnelle. Le palais est visitable, mais il aurait fallu réserver la
veille par téléphone.
Le
cœur historique de Bucarest est un petit quadrilatère d’une superficie
limitée, mais riche en détails et histoires.
Nous nous baladons vers l’auberge Hanul lui Manuc, (dernière survivante des caravansérails), le palais princier de Curtea Veche (le plus ancien monument de la ville). Nous visitons l’église orthodoxe de l’Annonciation, en brique, avec un portail de style brâncovan rajouté.
Nous nous baladons vers l’auberge Hanul lui Manuc, (dernière survivante des caravansérails), le palais princier de Curtea Veche (le plus ancien monument de la ville). Nous visitons l’église orthodoxe de l’Annonciation, en brique, avec un portail de style brâncovan rajouté.
Nous
parcourons la strada Lipscani et les rues voisines, vestiges du vieux
quartier de négociants de Bucarest. Aujourd’hui, le quartier a changé de
vocation. C’est devenu un haut lieu de la vie bucarestoise avec ses bars, ses
boîtes et ses cafés.
Nous
mangeons en terrasse d’un restaurant sur la strada Franceză. On nous sert un
plat valache, à base de porc avec un assortiment de légumes grillés.
L’après-midi,
nous parcourons la calea Victoriei, artère commerçante de la ville,
sillonnée par les trolleybus : grands édifices publics, magasins et
commerces de luxe… et petites rues latérales couvertes avec commerces et
restaurants.
Nous
gagnons la piaţa Universităţii (place de l’Université), lieu symbolique
de la révolution de 1989.
La
chaleur est intense, la circulation dense.
Et
nous nous rendons compte que nous ne parviendrons pas à échanger les dinars
serbes qui nous restent : aucun bureau de change n’accepte de nous les
reprendre, car ils sont inconvertibles en dehors de la Serbie. Il faudra donc
songer à repasser en Serbie lors de notre trajet de retour pour liquider
l’argent liquide.
Depuis
la piaţa Romana, nous reprenons un autobus
pour rentrer au camping. Sur la banquette en face de nous, un homme se signe
chaque fois que le bus passe devant une église. La pratique est courante car les
orthodoxes sont très pieux.
Un
problème pour retrouver le camping : l’arrêt de bus au retour ne se situe
pas au même endroit qu’à l’aller. On effectue quelques valses-hésitations avant
de comprendre…
Mardi
4 septembre 2018
On
poursuit notre périple à travers les plaines agricoles du sud de la Roumanie
jusqu’à Giurgeni où l’on rejoint le Danube.
Peu
avant, on ne sait pas pourquoi, il faut s’acquitter d’un péage. Passage du pont
sur le fleuve ou traversée d’une zone naturelle constituée par son large
lit ?
Toujours
est-il qu’on franchit le Danube pour atteindre Hârşova et continuer en
Dobrogea.
Située entre le Danube et la mer Noire,
c’est une région constellée de plateaux et de dépressions, de réserves
naturelles et de vignobles. La végétation est en partie steppique, formation
favorisée durant la période turque par l’élevage extensif d’ovins.
On
arrive vers 15h30 à Tulcea, porte du
delta du Danube.
Nous
visitons le musée écotouristique du delta du Danube. Moderne et
didactique, c’est une excellente introduction avant d’explorer le delta et son
étonnant écosystème. Au sous-sol, un grand aquarium spectaculaire.
Nous
empruntons une petite route au sud du delta le long du bras de Sfântu Gheorghe
jusqu’à Murighiol, un des rares
villages du delta accessible par la route.
Vers
17h30, nous nous installons au Camping Lac Murighiol, indiqué par le
Routard : calme et familial, ombragé de saules. Au fond du jardin, un
canal du delta est accessible, avec ponton et barque à louer. Gare aux
moustiques !
Le
patron du camping, Octavian, parle un très bon français. On prend rendez-vous
avec lui pour une excursion sur le delta demain matin.
Une
troupe d’étourneaux a choisi comme dortoir le saule sous lequel nous sommes
stationnés. Concert bruyant qui va s’arrêter brusquement à la tombée de la
nuit…
Mercredi
5 septembre 2018
Classé
réserve de biosphère par l’Unesco, le delta
du Danube est la plus grande zone humide d’Europe.
« En se jetant dans la mer Noire
après s’être divisé en d’innombrables bras d’eau, le Danube termine ici sa
folle course à travers l’Europe. Trait d’union entre la terre et l’eau, c’est
un immense labyrinthe de canaux, d’étangs, d’îles flottantes et de roselières
en mouvement perpétuel. »(GdR)
Trois bras principaux du fleuve se
fondent dans la mer Noire : le bras de Chilia au nord, le bras de Sulina
au centre et le bras de Sfântu Gheorghe au sud.
A
6h, nous sommes parés devant la réception avec appareil photo et jumelles en
compagnie de huit autres personnes du camping. On nous transporte dans des voitures
jusqu’à Dunavăţu de Jos, le dernier village accessible par la route.
L’accès
des touristes dans le delta ne peut se faire qu’avec un permis d’accès que nous
a procuré Octavian. Après avoir revêtu chacun son gilet de sauvetage, nous
embarquons avec lui sur une barque à moteur. Lors d’une première accélération,
ma casquette tombe à l’eau. Demi-tour pour la récupérer !
On
se laisse glisser le long des rives bordées de joncs, de roseaux et saules
pleureurs ; on rencontre d’anciens villages de pêcheurs, uniquement
accessibles par bateau, qui vivent de la pêche résiduelle locale, d’un peu
d’agriculture et maintenant de l’écotourisme.
Octavian
révèle une parfaite connaissance des oiseaux du delta et, qui plus est, de
leurs noms en français.
Au fil de l’eau, on identifie héron crabier,héron bihoreau,
On
se faufile dans les bras d’eau les plus étroits où nénuphars et roselières occupent l’espace.
On
débouche sur un lac peuplé de canards, de goélands qui se reposent sur les
arbres morts.
Héron cendré, avocette, grande aigrette, aigrette garzette, chevalier cul-blanc, ibis falcinelle peuplent vasières et roselières.
Le
delta est aussi et surtout le royaume du pélican blanc, accueillant la plus
grande colonie d’Europe, ainsi que le pélican frisé.
Indissociables
des pélicans, car ils chassent ensemble, les grands cormorans et les cormorans pygmées sont les grands colonisateurs du delta. On aperçoit le busard des roseaux ainsi qu’une autre vedette du delta, le pygargue à queue blanche.
Octavian
salue un pêcheur qui relève ses nasses aux abords d’une roselière parmi les
nénuphars.
Remontant
le bras de Sfântu Gheorghe, le plus vieux des trois bras, nous sommes de retour
à l’embarcadère vers 11h.
Après
cette splendide sortie, nous passons l’après-midi au camping à nous reposer.
Jeudi
6 septembre 2018
Nous
quittons le camping à 8h15. Nous repassons à Tulcea puis remontons la rive
droite du Danube.
Nous
traversons le fleuve par un bac et nous retrouvons sur la rive gauche à Galaţi.
A
midi, nous passons le poste-frontière roumain et nous présentons à la frontière
de la République de MOLDAVIE.
Rattachée
à la Roumanie depuis 1918, la Bessarabie est envahie par l’URSS le 2 août 1940.
En juin 1941, la Roumanie, alliée de l’Axe, attaque l’URSS et récupère le
territoire. En 1944, l’approche de la fin de la guerre et la défaite de l’Axe
remettent la Bessarabie dans le giron de l’URSS. Le territoire devient la République
socialiste soviétique de Moldavie.
A
la faveur de la Perestroïka et de l’effondrement de l’URSS, la République de Moldavie proclame son
indépendance le 27 août 1991.
En
1994, elle adhère à la Communauté des Etats Indépendants (CEI).
Giurgiuleşti, à l’extrême sud du pays, se situe à la frontière
avec la Roumanie et l'Ukraine. C’est le seul point de contact du pays
avec le Danube sur 570 m .
La Moldavie y dispose désormais d’un port pétrolier. Le terminal de Giurgiuleşti,
à la confluence du Danube et du Prout, est directement accessible depuis la mer
Noire.
On
quitte l’Union européenne. A 12h30, après les vérifications des passeports, des
documents du Ducato et de mon permis de conduire international, on change des
euros contre des lei moldaves.
La
langue officielle est le roumain. Sous la
domination soviétique, la langue nationale, le roumain, est rebaptisée
« moldave » et doit être rédigée en cyrillique malgré son origine
latine. En 1989, c’est le retour à l’alphabet latin et en 1990, le moldave est
officiellement reconnu comme roumain.
Nous
commençons à monter vers le nord. Et là, nous sommes confrontés à l’état des
routes. Le réseau routier est peu développé et mal entretenu faute de moyens. La Moldavie est en effet le pays le plus pauvre
d’Europe et son réseau routier est réputé pour être le plus dégradé du monde…
après le Tchad (selon le Petit Futé) !
Les
chaussées sont défoncées, et les nids de poule (vraiment, de très grosses
poules !) nécessitent de slalomer pour les éviter. Amortisseurs et pneus
sont mis à rude épreuve. Donc, extrême prudence !
En
comparaison, les routes que nous avons connues en Albanie nous semblent bien
meilleures !
On
fait une pause pour déjeuner dans le camping-car, au bord de la route, sur un
espace enherbé au cœur d’un village.
Des
enfants qui reviennent de l’école sont intrigués par notre présence. Je suis
surpris de voir les toits des maisons couverts de plaques ondulées en
fibrociment amianté.
La
route s’engage vers le nord, le long du Prout qui est aussi la frontière
roumaine.
Nous
sommes dans le « raion » (arrondissement) de Cahul. Le relief est
dominé par la steppe du Budjak propice à la culture de la vigne. Après la ville
de Cahul, nous bifurquons vers l’est.
Bientôt
nous pénétrons dans la région autonome
de Gagaouzie, peuplée d’une minorité ethnique d’origine turque convertie à
l’orthodoxie. La langue gagaouze est très proche du dialecte turc anatolien.
Ces turcophones chrétiens se sont
établis en Bessarabie au début du XIXe siècle, lorsque l’Empire
russe a procédé à un échange de population avec l’Empire ottoman.
Malgré
ses différences et son autonomie, la Gagaouzie fait bien partie de la Moldavie,
sans frontière ni contrôle (contrairement à la Transnistrie).
Souhaitant continuer à faire partie de
l’URSS, la Gagaouzie proclame son indépendance le 19 août 1991. Reconnue par
personne, elle se trouve isolée. Après négociations et suite à un référendum en
1994, la Gagaouzie devient une région autonome au sein de la République
moldave, avec trois langues officielles : le russe, le gagaouze et le
moldave.
La
route qui traverse le territoire est en bon état, bordée de noyers. Les
capitaux turcs y sont pour quelque chose ! Sur le bord de la route est
signalé un point d’eau : un puits à margelle permet de récupérer de l’eau
avec un seau actionné par une poulie. Avec à ses côtés un oratoire, c’est un
élément fréquent de la campagne moldave. Il n’y a souvent pas de réseau de
distribution d’eau dans les villages.
Nous faisons halte à Comrat, la capitale de Gagaouzie. Nous effectuons une petite balade
sur l’avenue principale, la strada Lenine.
Les
affinités avec la Russie sont indéniables, témoin l’imposante statue de Lénine
devant le palais du Parlement.
Nous
faisons quelques courses dans un magasin où l’on se rend compte que tout le
monde parle russe.
Remontant
vers le nord, nous quittons la Gagaouzie à hauteur d’un portique géant qui
délimite le territoire.
Il
n’y a pas de camping en Moldavie : ce n’est pas encore dans la culture
locale, mais il est possible de s’arrêter quasiment partout. Un peu avant la
ville de Cimişlia, avisant une petite
gargote près d’une zone de repos en bord de route, je demande l’autorisation de
passer la nuit devant. Pas de problème, on se gare dans un recoin le long du
bosquet.
Vendredi
7 septembre 2018
Au
matin, nous nous dirigeons vers le centre de la Moldavie, atteignons la capitale
Chişinău et traversons la ville pour nous diriger vers Vadul lui Vodă. C’est l’unique station balnéaire de Moldavie, sur
les rives du Dniestr. Atmosphère un peu désuète et surannée.
Les Soviétiques y ont fait construire
plusieurs établissements curatifs, très populaires dans l’ancienne URSS. De
nombreuses datchas se sont installées progressivement dans les espaces boisés.
C’est la zone de loisirs de la capitale, et les
habitants de Chişinău s’y rendent en masse à la belle saison pour profiter de
la baignade, des nombreux restaurants et des discothèques. Bungalows, hôtels et
complexes de luxe s’y côtoient dans un environnement boisé et verdoyant.
Nous
parcourons le site, à la recherche d’un possible camping, mais en vain. Il y a
bien une pancarte qui en indique un, mais il s’agit d’un parc de campement pour
les jeunes dans le cadre d’activités organisées. Ce faisant, on butte sur un
check-point de militaires, car sur l’autre rive du Dniestr, c’est la Transnistrie,
république sécessionniste pro-russe. Demi-tour ! La visite sera pour
dimanche…
L’après-midi,
nous continuons le long du Dniestr. A hauteur de Dubăsari, nouveau poste de
contrôle que nous évitons.
Nous
empruntons une route non revêtue pendant 14 km pour nous rendre jusqu’au site
archéologique d’Orhei Vechi.
C’est
un musée à ciel ouvert situé entre les villages de Trebujeni et Butuceni. Les
méandres du fleuve Răut ont creusé un cirque naturel et façonné deux
promontoires, Butuceni et Peştera. Le panorama y est époustouflant.
Nous
parcourons la crête du promontoire de Butuceni vers le monastère orthodoxe.

De
retour à la maison d’hôtes, Viviane ramasse des noix fraîches.
Le matin, nous reprenons notre trajet vers l’ouest.
Il est 6h. Légère brume sur le plan d’eau. La mariée quitte le restaurant.
Des
mariés viennent se faire photographier sur le lieu.
Sites
thraco-géto-daces, forteresses turques et monastères rupestres sont répartis
sur le territoire : d’anciennes forteresses creusées dans la roche, les
restes d’une mosquée et des monastères chrétiens, un ensemble de grottes
troglodytiques.
Plusieurs civilisations se sont croisées
à Orheil Vechi dont les Thraces, la Horde D’or des Tatars-Mongols au XIVe siècle. Un monastère
troglodytique a été creusé au XIIIe siècle par des moines orthodoxes
dans la paroi qui surplombe la rivière Răut.
Les
villages de Trebujeni et Butuceni, situés sur les rives du Răut, prennent place
dans un paysage superbe de falaises calcaires. Nous parcourons à pied le
village de Butuceni. On y découvre
l’architecture traditionnelle typique des maisons avec leurs portails
majestueux.
A Trebujeni, le guide du Petit Futé nous
indique la maison d’hôtes Vila Roz, à l’entrée du village, comme ayant un emplacement
de camping. En fait, il s’agit d’un jardin qui ne peut accueillir que des tentes.
Ça ne fait rien ! On nous invite à rentrer le Ducato par le portail, en
marche arrière, et le garer dans le passage. On nous branche l’électricité. Les
sanitaires et les douches sont accessibles.
Le
jardin derrière la maison est vaste, agréable et fleuri, le petit chien
affectueux. Des hamacs invitent à la sieste.
Un
troupeau de chèvres déambule sur le flanc de la falaise d’en face.
Vers
18h, nous mangeons au restaurant de la pension. C’est Liuba, la patronne,
native du village, qui nous concocte un menu avec des plats moldaves
traditionnels élaborés avec les produits frais locaux : ciorba (soupe
moldave), salade şopski (avec tomates, petits concombres, brinza de brebis), sarmale
(rouleaux de choux farcis) avec de la mămăligă (sorte de polenta) et en dessert
plăcintă aux cerises (galettes), le tout servi avec du vin moldave local.
Excellent !
Samedi
8 septembre 2018
Au
matin, nous quittons la pension pour rejoindre en Ducato CHIŞINĂU, la capitale.
Le
réseau routier, structuré en étoile autour de la capitale, est assez efficace
et correct.
Chişinău concentre les contradictions de
ce petit pays. Mélange d’identités roumaines et russes où des avenues
rectilignes et austères donnent sans transition sur des petites rues arborées
et vivantes. Dans les quartiers périphériques, les blocs d’habitation de style
soviétique dominent le paysage urbain. Le centre regroupe les bâtiments
remarquables à l’architecture du XIXe siècle et offre la richesse
culturelle des églises, cathédrales et musées.
Chişinău est considérée comme une des
villes les plus vertes en Europe. Quatre grands parcs, une vingtaine de lacs y
sont répartis et les arbres y poussent dans presque toutes les rues.
Nous
nous garons dans une rue latérale et nous baladons au centre-ville à partir du boulevard
Stephan cel Mare, colonne vertébrale de la ville, vitrine de la capitale.
Incontournable
est la statue de Stephan cel Mare qui se dresse à l’entrée du parc
éponyme comme un symbole pour la ville et le reste du pays.
Stephan cel Mare (Etienne le Grand),
apparenté au célèbre Vlad Ţepeş, est un héros de l’histoire moldave. Prince de
Moldavie de 1457 à 1504, il combattit les Hongrois, les hordes tatars et
repoussa les troupes de l’Empire ottoman.
Le
parc est le plus beau de la ville et un lieu privilégié de promenade. Au
centre du parc, un jet d’eau, et l’allée des Classiques, succession de bustes
de grandes personnalités, écrivains et poètes roumains.
Un
festival du vin, organisé sur le boulevard face à l’hôtel de ville, bloque
toute circulation, automobile comme piétonne. Pour nous rendre à la cathédrale
de la Nativité, il faut contourner tout le dispositif. L’édifice trône au
centre d’un parc, en face d’un arc de triomphe auquel on ne peut accéder à
cause de la fête. L’ensemble est constitué d’une église volontairement séparée
de son clocher. [Ce qui n’est pas sans rappeler la cathédrale de Vilnius en
Lituanie.]
Le
style est sobre et monumental.
L’intérieur,
comme toutes les églises orthodoxes, est riche de dorures. La peinture a été
réalisée au début du XIXe siècle par le peintre russe Kovşarov.
Tout
près de là, sur le boulevard, on ne peut manquer le Parlement moldave.
Conçu initialement pour accueillir le comité central du Parti communiste, il a été réaffecté dans les années 1990 comme siège du Parlement.
Conçu initialement pour accueillir le comité central du Parti communiste, il a été réaffecté dans les années 1990 comme siège du Parlement.
En 2015, des dizaines de milliers de Moldaves
y ont manifesté pour dénoncer le scandale du « milliard de dollars »
: la disparition frauduleuse des coffres de trois banques de l’équivalent de
12,5% du PIB du pays.
Il faut dire que la corruption est
partout. Exclue de la prospère Europe, la Moldavie a une économie à la dérive.
Les trafics en tout genre font fleurir l’économie parallèle. Le trafic d’êtres
humains - la prostitution - s’est beaucoup développé, au point de devenir
presque industriel.
En
face, la présidence de la République, tour de style moderne avec des pierres
blanches et une façade de verres teintés.
A l’époque, le bâtiment devait
accueillir le siège du Soviet suprême de Moldavie.
A
midi, nous prenons le repas au restaurant Eli Pili. Connu de tous à Chişinău, depuis 1996, ce restaurant compte
parmi les plus fréquentés par les jeunes (et les moins jeunes), en raison de
ses prix raisonnables, de sa cuisine savoureuse et de son ouverture
constante. Le cadre est fait de vieilles pièces de brocante.
La
rue Eugen Doga est l’unique rue piétonne de la capitale, inaugurée en
mai 2013, grande nouveauté pour la ville ! Rue pavée, arbres plantés,
éclairage reconsidéré en font un passage privilégié. Des restaurants, des bars,
des salons de thé et un hôtel animent cette rue que des mariés choisissent pour
se faire photographier.
J’aimerais
me rendre au grand marché de la place centrale, mais Viviane, souffrant des
hanches, a du mal à marcher. Nous regagnons notre véhicule et quittons la
ville.
Notre
GPS, non à jour pour les routes moldaves, nous entraîne à nouveau sur la piste
de 14 km
que nous avons empruntée hier.
Nous
sommes de retour vers 17h à la Vila Roz, à Trebujeni. Pour rentrer le Ducato en
marche arrière, j’oblige une charrette à cheval et une voiture à attendre la
fin de la manœuvre, ce qui ne perturbe pas la troupe de canards qui se repose
sur le trottoir devant l’entrée.
On
discute un peu avec la fille de Liuba qui parle français. Ce soir, on mange
dans le camping-car, mais je vais un peu bavarder avec un hôte français qui
dîne au restaurant. Il parcourt la Moldavie pendant une dizaine de jours, de
pensions en chambres d’hôte, voyageant en minibus ou d’autres transports en
commun.
Dimanche
9 septembre 2018
A
notre départ, Liuba offre une rose de son jardin à Viviane. Les Moldaves adorent planter des fleurs et
aménager le moindre bout de jardin. Puis elle nous fait la bise. Ce n’est
pas courant ! Les hommes et les femmes se serrent la main pour se saluer.
Il n’est pas d’usage de s’embrasser.
Nous
retournons à Chişinău. A l’entrée en ville, un policier me fait signe de
stopper. Comme il voit que nous sommes français, il me demande si tout est OK
et me souhaite bonne route. Curiosité ou contrôle d’alcoolémie ? En Moldavie, le taux légal d’alcoolémie au
volant est fixé à 0. Lors d’un contrôle policier, la consommation d’alcool du
conducteur est évaluée à son haleine. Si l’agent estime que le conducteur a
consommé de l’alcool, une prise de sang est effectuée sur le champ au
commissariat, à toute heure.
A
9h30, nous avons rendez-vous à Chişinău avec Andrian, un guide d’une agence de
tourisme que j’avais contacté depuis la France. En effet, nous désirons entrer en
Transnistrie. Il est fortement déconseillé de s’y rendre par ses propres
moyens.
Nous
partons tous les trois vers l’est avec la voiture d’Andrian sur une soixantaine
de kilomètres. Nous rencontrons un poste de contrôle moldave puis nous butons sur
la frontière transnistrienne. Nous descendons de voiture jusqu’au poste et
présentons nos passeports. Après quelques questions sur les raisons de notre
venue (auquel Andrian répond en russe), on nous remet une feuille volante
glissée dans le passeport en guise de visa, car aucun tampon diplomatique
officiel ne peut être utilisé.
Nous
pénétrons alors en Transnistrie.
Après
la Seconde Guerre mondiale, Staline adjoint au territoire de Bessarabie la
région de Transnistrie. Sous la domination soviétique, la réunion forcée de ces
deux régions qui n’avaient rien en commun fut à l’origine des tensions entre
les deux populations, roumaines et russophones.
Quand
la Moldavie devient indépendante en août 1991, la Transnistrie se déclare
indépendante en décembre et réclame son rattachement à la Russie ou à
l’Ukraine. Immédiatement éclate en 1992 une guerre civile entre l’armée moldave
et les russophones appuyés par les cosaques et la 14e armée russe.
A l’automne, la guerre aboutit à un accord : la Russie devenait neutre et
la Moldavie s’engageait à ne pas demander son rattachement à la Roumanie (ou,
dans ce cas, à laisser le libre choix aux Transnistriens). Malgré ces accords,
le conflit n’est toujours pas résolu. La Transnistrie devient un
Etat « de facto » sous le nom officiel de République moldave du Dniestr. C’est un « Etat fantôme » non reconnu par la communauté
internationale, mais qui possède sa propre constitution, son drapeau, son
parlement, son gouvernement, son armée et sa monnaie.
Retour
dans le passé aux temps révolus de l’URSS. C’est beaucoup plus net qu’en
Gagaouzie.
Le
drapeau national comporte toujours la faucille et le marteau. Les langues officielles
sont le russe, le moldave et l’ukrainien, mais la plupart des habitants ne
parlent que russe. Et même le roumain est transcrit avec l’alphabet cyrillique.
La
Transnistrie est un long et mince territoire qui s’étend sur la rive est du
Dniestr, mais elle contrôle aussi la ville de Tighina, sur la rive ouest.
Justement,
nous y sommes, à Tighina (Bender).
Nous
allons visiter la forteresse médiévale.
La forteresse représente un des plus
puissants éléments du grandiose système défensif de la Moldavie médiévale.
Sous le règne de Stephan cel Mare, c’était une construction en bois. Elle a été
consolidée en pierre et a pris la forme que nous lui connaissons aujourd’hui
sous le règne de Petru Rareş.
La
visite commence par le chemin de ronde puis la montée dans la tour. Beau
panorama sur le paysage environnant et aussi sur les hangars abritant les camions,
les chars et le stock de munitions de la 14e armée russe, toujours
présente dans l’enceinte de la citadelle.
On
traverse la grande cour intérieure où sont exposés quelques canons, pour se rendre
au musée régional qui présente l’histoire chronologique de la
forteresse, puis au musée de la torture qui expose toutes les machineries
diaboliques les plus sordides que les hommes ont pu inventer.
Reprenant
la route, toujours sur la rive droite du Dniestr, nous faisons une halte au monastère de Noul Neamț à Chitcani.
Le monastère a été fondé en 1861 par quelques
moines qui sont partis du monastère de Neamț en Roumanie. Le 16 mai 1962, les autorités
soviétiques ont fermé le monastère, et l’édifice est devenu un hôpital. En
1990, le monastère a repris son activité.
Il
y a trois églises sur le territoire du monastère. L’élément central est
son clocher, composé de cinq niveaux.
Nous
visitons le site.
Viviane
doit se couvrir la tête d’un foulard pour pénétrer dans les églises, comme dans
tous les monastères orthodoxes. Comme beaucoup de fidèles, Andrian achète et
allume quelques bougies, témoignant ainsi de sa foi.
Peu
après, nous franchissons le Dniestr par un bac rudimentaire.
Nous
arrivons à Tiraspol, la capitale.
Comme
il est 12h45, nous mangeons tous les trois au restaurant « Mafia ».
Ça ne s’invente pas !
A
ce sujet, le territoire est un des derniers bastions du communisme en Europe,
et la mafia règne : réseau de criminalité important et trafics en tout
genre. Mais cela ne concerne pas les touristes. Cependant, nous sommes hors de
contrôle de l’Etat moldave. En cas de problème, personne, pas même l’ambassade
de France, ne peut nous aider.
D’après
Andrian, la situation s’arrange, car la Russie ne peut se permettre une zone de
non-droit sous son égide.
Partout
fleurissent les enseignes Sheriff. Avec une structure très opaque, ce groupe
possède de nombreuses entreprises de la région, le réseau des
stations-services, une chaîne de supermarchés, une chaîne de télévision ;
il gère un complexe sportif et l’équipe de football. Un véritable monopole
économique !
Après
le déjeuner dans ce restaurant assez chic mais peu onéreux, nous arpentons la rue
du 25 octobre. L’avenue principale est assez fascinante, quasiment déserte
malgré sa taille gigantesque. Propulsés dans l’univers de l’ex-Union
soviétique, nous restons pantois face à cette sensation d’immobilisme ambiant.
Devant
le Soviet suprême (le parlement), trône une immense statue de Lénine.
On passe devant le siège de la banque de la
République de Transnistrie,
au palais présidentiel, à la maison des Soviets
surveillée là encore par un buste de Lénine.
En
face, le mémorial de la guerre célèbre les victimes du conflit du
Dniestr en 1992 contre les forces moldaves. Tombe du soldat inconnu, flamme du
souvenir et tank de l’armée soviétique… Très militariste, tout ça !
On
poursuit cette revue par une promenade dans le parc Pobeda qui célèbre
la victoire du peuple soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est un
parc très agréable où les habitants de Tiraspol ont l’habitude de se
retrouver. Allées bien dessinées, fontaine, stade d’été, bornes de bibliothèque
virtuelle, attractions…
Un
bureau de change à l’entrée d’un supermarché nous permet d’échanger des lei
moldaves et des euros contre des roubles transnistriens. Et nous terminons par
des achats dans un magasin. Du caviar et du cognac local à un prix dérisoire.
La
Transnistrie émet ses propres timbres. J’aimerais m’en procurer pour notre ami
Serge, mais nous sommes dimanche. Ces timbres sont uniquement destinés au
courrier intérieur. Pour l’international, les timbres de Moldavie sont
nécessaires.
Nous
reprenons la voiture pour nous diriger plus au nord, passant par Grigoriopol. Un
peu avant Dubăsari, c’est le poste-frontière. Interdit de prendre des photos ou
de filmer les installations et les douaniers qui arborent l’uniforme à la
faucille et au marteau. Nous traversons une zone neutre jusqu’au Dniestr où
l’on traverse un poste militaire russe.
La Russie soutient toujours fortement
cette bande de terre, car c’est une base avancée, tout en ne la reconnaissant
pas officiellement. Détail cocasse : Seules
l' Abkhazie et l’Ossétie du Sud, autres états séparatistes non
reconnus, sont représentés officiellement par une ambassade.
Les Transnistriens possèdent souvent
trois passeports : le transnistrien qui ne sert à rien, le moldave bien
sûr, et le troisième soit russe, soit ukrainien. Ce qui peut se révéler très
pratique pour voyager.
A
16h, passé le poste de contrôle « interne » moldave, nous sommes de
retour en République
de MOLDAVIE
et rentrons à Chişinău.
Nous
retrouvons notre camping-car. Après avoir réglé sa prestation à Andrian, nous
nous quittons. Viviane et moi roulons jusqu’à Străşeni, cherchant un endroit
pour passer la nuit. On aperçoit une grande pancarte indiquant
« camping ». Mais, comme à Vadul lui Vodă, il ne s’agit que d’un
centre de loisirs.
A 17h30, après avoir demandé l’autorisation,
nous nous garons derrière une station-service. La pluie bientôt commence à
tomber.
Lundi
10 septembre 2018
Journée
pluvieuse. Et là, ça se complique. Les routes moldaves deviennent plus dangereuses
encore, avec l’eau qui recouvre les nids de poule inondés. Pas étonnant que les
échoppes de vulcaniseurs de pneus soient légion au bord des routes !
A Străşeni,
nous retirons des lei dans un distributeur de billets.
Maintenant,
vu le manque de structures, il nous faut rechercher un moyen de vidanger nos
eaux usées, après quatre jours sans possibilités. Ça n’existe pas !
Malgré
un vif sentiment d’atteinte à l’environnement, nous sommes obligés de
déverser nos eaux usées dans la nature.
Nous
rejoignons Cricova, au nord de
Chişinău et nous installons sur le parking devant les caves. Nous mangeons
dans le fourgon et attendons l’heure de rendez-vous, prévue à 15h. Il pleut par
à-coup.
La Moldavie, le pays du vin ? La
culture du vin fait partie du patrimoine de ce pays, dès le Moyen Âge.
Les caves de Cricova existent depuis
1952. Ce sont les
plus grandes caves à vin au monde. Creusées dans la roche, elles constituent
un réseau de 120 km
(jusqu’à 100 m
de profondeur). Prestige de la République de Moldavie, Cricova est une
ville sous terre, avec des noms de rues qui correspondent au nom des vins
conservés, où les bouteilles vieillissent à une température idéale entre 12 et
14 degrés.
Nous
nous présentons à l’entrée pour une visite des caves. Le rendez-vous,
obligatoire, a été pris hier par Andrian.
A
partir de 15h jusqu’à 17h30, nous visitons les caves de Cricova. Nous
parcourons cet immense réseau souterrain en petit train touristique avec une
guide francophone. Le circuit développe tous les procédés de fabrication et de
conservation des vins. On longe des enfilades de tonneaux en bois et de
remarquable collection de vins.
Ceux
d’appellation « Cricova » ont été de nombreuses fois récompensés lors
de concours internationaux.
L’oenothèque
comprend 1,3 millions de bouteilles. On y découvre un « trophée »,
accumulé et pillé à travers l’Europe, celui d’Hermann Göering. Aujourd’hui, on
y trouve les collections privées d’Angela Merckel ou de Vladimir Poutine.
Depuis
1967, une collection nationale a été constituée. Tous les pays viticoles de la
planète y sont représentés. Le choix ne manque pas : 465 variétés de
cognacs, de vins, de liqueurs sont exposées ici.
Le cognac est
très populaire en Moldavie. Plusieurs distilleries en produisent depuis près
d’un siècle et l’appellent le « Divin » (la marque Cognac étant
protégée en France).
Un
petit musée sur l’histoire du vin agrémente la visite.
Une
salle de conférence a été aménagée dans laquelle Vladimir Poutine a célébré ses
50 ans.
Des
salles de dégustation luxueuses nous attendent.
On
y goutte une palette de l’ensemble des vins produits à Cricova : vins
champagnisés, blancs, rosés, rouges, accompagnés de quelques en-cas moldaves.
On
termine, bien sûr, par la boutique. Les grands crus maison y sont exposés à la
vente. Nous en repartirons avec quelques bouteilles.
Après
cette visite, nous passons la nuit sur le parking du site qui se vide peu à peu
de ses véhicules. La pluie a cessé.
Mardi
11 septembre 2018
Il
serait temps maintenant de songer à notre trajet de retour.
Au
matin, nous faisons route vers la frontière et atteignons Ungheni, au bord du Prout.
Nous
cherchons le bureau de poste que j’ai du mal à trouver. Je patiente dans la
file d’attente vers les guichets afin d’acheter des timbres pour Serge. Nous
faisons quelques courses dans un magasin puis le plein de carburant pour
liquider nos derniers lei moldaves. Nous roulons le long du Prout.
Nous
atteignons le poste-frontière moldave à 13h05. On subit quelques tracasseries
au sujet d’un numéro de série du Ducato dont personne ne connaît l’emplacement
sur le véhicule. A 13h50, après le passage du
deuxième poste-frontière, nous sommes à nouveau en ROUMANIE.
Nous
roulons en Moldavie roumaine.
Fondé au XIVe siècle, le
voïvodat de Moldavie résista à la pression ottomane, notamment sous Stephan cel
Mare. Île de latinité et bastion de l’orthodoxie, la Moldavie s’étendait
jusqu’au Dniestr et à la mer Noire. Au début du XIXe siècle, la
Russie des tsars s’attribuait la partie est de la Moldavie, la Bessarabie,
aujourd’hui République moldave.
La Moldavie roumaine est la région du
pays la plus en retard économiquement mais la plus riche spirituellement, grâce
à ses monastères et ses églises.
Vers
18h, nous débarquons dans le village de Tazlău,
lové dans un repli du piémont des Carpates. Suite à une indication du Guide du
Routard, nous sommes à la recherche de la maison de la famille Florean qui
propose des chambres d’hôtes avec camping attenant. Mais pas d’indications
dans la rue et personne à la maison ! On téléphone au numéro indiqué dans
le guide. Une dame, francophone, nous répond qu’elle arrive. En effet, suite à des travaux d’installation
de gaz, son établissement est provisoirement fermé. Qu’à cela ne tienne, elle
nous ouvre le portail et nous installe dans le jardin qui fait office de
camping. On peut brancher l’électricité, utiliser les sanitaires et les douches
(mais qui seront froides).
Angelica,
professeur de français récemment à la retraite, s’aperçoit que nous sommes
d’Ardèche. Elle nous annonce que son village est jumelé avec Lamastre (située à
13 km de
St-Apollinaire où nous habitons) !
Viviane
regrette quand même de ne pas pouvoir
profiter de la bonne cuisine moldave et des confitures de notre hôte.
Mercredi
12 septembre 2018
Quelques
familles, dont nos hôtes, ont constitué une association pour maintenir la
qualité de la vie dans leur village. Ils éditent même une revue culturelle
villageoise.
Nous allons nous balader dans les rues de Tazlău pour admirer les
maisons avec le traditionnel portail en bois et une multitude de détails
décoratifs.
Le
monastère, quant à lui, est fermé pour rénovation. On ne peut que l’observer de
loin depuis son petit cimetière. Construit
à la fin du XVe siècle par Stephan cel Mare (Etienne le Grand),
sobre et élégant, il accueille encore deux moines.
Nous quittons Tazlău pour faire route vers l’ouest.
Nous traversons les Carpates orientales. Le
trajet, grandiose, traverse les gorges
du Bicaz, profondes et très resserrées.
Des
boutiques de souvenirs sans intérêt jalonnent le bord de la route qui sinue entre
les falaises.
Ce
défilé relie la région de Moldavie à la Transylvanie, en Pays sicule. La contrée est habitée par une population
de langue hongroise localement majoritaire.
Nous
montons le col du Bicaz (1258
m ). Les paysages sont magnifiques.
L’après-midi,
nous faisons route jusqu’à Cluj-Napoca, grande ville multiculturelle de
Transylvanie (cf. 31 août 2006). 20
km plus loin, nous trouvons à 19h le camping Eldorado, à
Gilău.
Jeudi
13 septembre 2018
Le matin, nous reprenons notre trajet vers l’ouest.
Sur
le parcours, les passages à niveau sans barrières sont très courants. Un simple
panneau de signalisation indique qu’il faut marquer le stop avant de s’engager.
On
remarque de temps en temps dans la nature des remorques stationnées chargées de
ruches. Ces abeilles mobiles sont transportées par camions jusqu’aux meilleurs
lieux de butinage.
Nous
roulons jusqu’à Oradea (province de la
Crişana).
Cette province de l’ouest, le long de la
frontière hongroise, fut longtemps administrée par les Hongrois. Elle en garde
le souvenir dans son architecture de style austro-hongrois.
Nous
nous arrêtons pour que Viviane puisse photographier une charrette à cheval.
Mais celle-ci bifurque juste avant la photo. Le monsieur qui l’a aperçue nous
rejoint avant que je ne redémarre et emmène Viviane jusqu’au cheval dételé mais
encore harnaché. Bientôt, tous les voisins s’attroupent avec les enfants tout
autour…
Un
problème technique vient de se signaler
dans le Ducato. Un voyant s’allume par intermittence, indiquant que les
plaquettes de frein sont usées. Que faire ? Il nous reste encore pas loin
de 2000 kilomètres
à effectuer. Je téléphone donc à l’assurance du véhicule pour qu’elle nous
indique un garage. Nous finissons par trouver un concessionnaire Fiat à
l’entrée d’Oradea.
De
13h30 à 16h30, nous allons patienter au
garage pendant le changement des quatre paires de plaquettes de frein.
Dans
la soirée, nous poursuivons notre voyage le long de la frontière hongroise
jusqu’à Arad. Le Routard nous indique un camping à Lipova. Après quelques hésitations (le GPS du camping-car devient
fou !), nous atteignons vers 20h un soi-disant camping international.
C’est en fait un parc de bungalows. La nuit va tomber. Nous sommes garés sur un
espace bétonné pas très accueillant. Il faut se faire ouvrir les sanitaires qui
sont fermés. Nous réglons la nuitée
auprès d’un gardien qui nous réclame le tarif d’un bungalow. Il n’a pas l’air
très content que Viviane lui demande une facture. Ça l’empêchera d’encaisser
pour lui l’argent liquide. Oui, bon, demain matin…
On
va tout de même passer une nuit correcte, sans problème.
Vendredi
14 septembre 2018
A
notre départ, par paresse ou par facilité, on ne réclame pas la facture…
Traversant
Arad, nous nous dirigeons vers Nădlac.
Nous arrivons à 10h15 à la frontière. Il est 9h15, heure occidentale.
Nous roulons en Hongrie, passant à Szeged, dans l’extrême sud du pays.
Nous roulons en Hongrie, passant à Szeged, dans l’extrême sud du pays.
Nous
atteignons la frontière de SERBIE à 10h30.
Première
ville après la frontière : Subotica,
au nord de la Voïvodine. Nous nous garons en ville et déjeunons dans un
restaurant.
Pour
moi, ce sera des ćevapčići (petits
rouleaux de viande de bœuf cuits au feu de bois et servis avec des oignons),
pour Viviane un goulasch. Le tout à un tarif imbattable !
Ville multiconfessionnelle et
multiethnique, sur la route entre Orient et Occident, la ville fut autrefois un
rendez-vous mondain pour les Viennois et les Hongrois, attirés par les parcs
ombragés et les thermes de Palić.
Nous
nous promenons en ville, depuis la place centrale, bien arborée.
Gradska
kuća (la mairie) est l’emblème et la
fierté de Subotica, dans un style Sécession hongroise. Elle est visible de
tous les coins de la ville.
Likovni
Susbet, en bordure du parc Lénine,
est un étonnant édifice à la Gaudi dans un style Art nouveau.
Lorsque
nous sommes de retour au Ducato, un PV sur le pare-brise. Nous n’avions pas vu
que le stationnement était payant. Un policier nous indique que c’est un agent
de la ville qui passe régulièrement. Il me faut donc me rendre à la poste pour
m’acquitter de cette amende.
Nous
reprenons notre trajet par Sombor et Bezdan. Je m’arrête pour prendre du
carburant afin de liquider nos fameux dinars serbes que nous traînions avec
nous depuis l’aller.
Nous
retrouvons le Danube que nous franchissons pour entrer en CROATIE vers 16h. Peu après la
frontière, je retire des kunas dans le distributeur automatique d’un bureau de
poste. Au village de Suza, une
petite pancarte en bord de route nous interpelle. Il s’y trouve un mini-camping
très sympathique où nous nous installons.
Par
la suite, je sors dans le village pour trouver un bistro et boire une bière
fraîche. Je rencontre en cours de route le propriétaire du camping qui nous a
aperçus et m’informe que quelqu’un viendra encaisser la nuitée. Plus tard, à
la tombée de la nuit, ce seront son fils et son petit-fils qui passeront.
Samedi
15 septembre 2018
C’est
sur notre route : nous allons faire halte à Osijek. Lors de la guerre
yougoslave de 1991, les troupes serbes massées sur la rive nord de la Drave bombardèrent
lourdement la ville ; mais les destructions n’atteignirent heureusement
pas le niveau de celles de Vukovar.
De
bon matin, nous garons le fourgon sur un parking le long des rives de la Drave.
Nous
nous promenons dans la ville haute sur Kapucinska où s’imposent l’église
St-Jacques-le-Majeur et l’hôtel Royal de style revival. Par Europska avenija,
où l’on remarque la façade colossale de la grande poste, nous marchons jusqu’à Tvrđa,
la vieille ville. De nombreuses façades portent encore des impacts de
balles.
La
place Sainte-Trinité présente une harmonieuse architecture, entourée de
prestigieux édifices, avec sa colonne votive de 1729.
Une
ondée brève nous incite à aller boire un café dans un des bistros de la place.
On rejoint la Porte d’Eau, dernière survivante des quatre portes de la ville,
et un bastion vestige des remparts.
Sortant
de la vieille ville, nous sommes intrigués par des œuvres d’art en paille
entreposées sous un rempart. Elles sont présentées lors de diverses
manifestations ou festivals, nous dit le frère de l’artiste.
Au
retour, de nouveau un PV sur le capot ! Cette fois, nous ne comprenons pas
ce qu’il faut faire. Nous nous renseignons auprès d’un jeune qui nous explique
que l’on peut payer avec une application sur le smartphone. Je lui demande s’il
ne peut exécuter la transaction avec le sien. Ce qu’il accepte volontiers. Et
lorsque je propose de lui en rembourser le montant, il refuse en nous
souhaitant bon voyage !
Nous
poursuivons notre périple en parcourant tout le nord de la Slavonie où
s’égrènent les villages-rue, au travers des riches terres des plaines agricoles
de la Pannonie, grenier à blé de la Croatie.
A
17h20, nous arrivons à Varaždin, à 80 km au nord de Zagreb. Il
n’y a pas de camping, mais il est possible de s’installer pour la nuit à côté
du restaurant d’un centre nautique.
On
craint le pire : un groupe d’hommes s’est réuni sur la pelouse en arborant
un drapeau croate (des supporters de foot ?). D’autre part, un repas de
mariage se déroule au restaurant…
Dimanche
16 septembre 2018
Pas
eu de problème de bruit : on n’a pas entendu revenir le groupe, et les
invités au mariage sont repartis vers 4h du matin sans que cela ne me réveille. (Viviane, si !)
Il est 6h. Légère brume sur le plan d’eau. La mariée quitte le restaurant.
De
7h30 à 9h, nous parcourons les rues de Varaždin,
une superbe ville baroque. Quel plaisir de se laisser aller au fil des
placettes et des ruelles, qui sont presque désertes à cette heure.
Entre autres, on parcourt « Zagrebačka ulica » avec ses belles maisons basses ; on flâne sur la place Tomislava, cœur baroque de la ville ; on visite la cathédrale de l’Assomption, à la richesse époustouflante ; on découvre le palais Sermage et son décor peu habituel, etc.
Entre autres, on parcourt « Zagrebačka ulica » avec ses belles maisons basses ; on flâne sur la place Tomislava, cœur baroque de la ville ; on visite la cathédrale de l’Assomption, à la richesse époustouflante ; on découvre le palais Sermage et son décor peu habituel, etc.
Encore
20 kilomètres
de route et, à Ormož, nous entrons à
10h en SLOVENIE.
On retrouve l’euro.
Le
paysage change. Les Alpes slovènes se profilent. Nous roulons vers Celje puis
le village de Vransko, où nous essayons de nous remémorer les lieux où nous
étions passés lors de notre premier voyage en Slovénie indépendante le 20 août1993 avec Caroline. On reconnaît sur les hauteurs l’église toute blanche qui
se détachait à la tombée de la nuit depuis l’auto-camp de Vransko que nous ne
retrouvons pas.
Par
contre, à Kranj, au pied des Alpes
slovènes, nous faisons un arrêt et une balade dans la ville.
Et
là, je reconnais la place et le bistro où le 18 août Viviane avait récupéré un
verre d’«Union pivo», bière locale, que lui avait gentiment offert la serveuse.
De
retour sur l’esplanade principale, nous constatons que des statues de type
« réalisme socialiste » de l’époque yougoslave sont toujours debout.
Nous
nous dirigeons maintenant vers les Alpes juliennes. Les perches des cultures de houblon tapissent
les champs des bords de route.
Vers
17h30, nous avisons un camping à Mojstrana
où nous allons faire halte.
Lundi
17 septembre 2018
Beau
lever de soleil sur les Alpes juliennes.
On
quitte le camping vers 8h.
A
8h30, on pénètre en ITALIE par le « passo di Fusine » (850 m ).
A
Tarvisio, nous nous engageons sur une petite route indiquée par le GPS. Il y a
des signalisations de travaux peu claires. Au bout d’une vingtaine de
kilomètres de montagne, près de Sella Nevea, juste après un tunnel, la route
est complètement barrée et trop étroite pour faire demi-tour. Il va me falloir
repartir en marche arrière à l’intérieur du tunnel avant de pouvoir enfin
effectuer un demi-tour.
Nous
allons rouler toute la journée au nord de l’Italie dans les Alpes juliennes et
carniques, avec les paysages somptueux des Dolomites en toile de fond,
traversant en cela la région du Frioul-Vénétie julienne, la Vénétie, le
Trentin-Haut Adige.
Nous
atteignons la ville de Trento vers
18h. C’est la mauvaise heure. Des embouteillages commencent à se former. Je me
renseigne auprès d’une station-service qui me fournit l’adresse d’un camping au
nord de la ville, à Lavis. Avec le
GPS, nous parvenons à le trouver tant bien que mal. Il s’agit d’un espace
enherbé derrière une auberge. A priori assez sympathique au premier abord. Mais
lorsque nous sommes installés, on se rend compte que nous sommes coincés entre
une grande route très bruyante et une ligne de chemin de fer très fréquentée,
juste derrière la haie ! Une nuit agitée en perspective…
Mardi
18 septembre 2018
En
fait, le raffut s’est calmé de 23h jusqu’à 4h du matin, heure à laquelle les
trains ont recommencé à circuler.
Nous
empruntons une route en montagne vers l’ouest. C’est au « passo del
Tonale » (1884 m )
que nous entrons en Lombardie.
Trajet
vers le lac de Côme.
Décrit par Stendhal dans « La
Chartreuse de Parme », le « lario » a été le lieu de
prédilection des romantiques au XIXe siècle. Paysages merveilleux et
douceur du climat expliquent la présence de tant de belles villas sur les
rives.
L’après-midi,
nous longeons la rive ouest du lac, de Domaso à Côme. La route serpente le
long du lac au niveau de l’eau, offrant des points de vue superbes.
Mais
elle est étroite et encombrée par la circulation, notamment dans la traversée
des nombreux villages qui s’égrènent sur la rive. Sacrifiés au tourisme,
ceux-là ont depuis longtemps perdu leur âme de villages de pêcheurs.
Nous
traversons Como (Côme) sans nous y arrêter. Nous allons suivre maintenant la
superbe route de la rive est. Pendant 30 km , elle surplombe le lac d’une
cinquantaine de mètres. Etroite et sinueuse, elle offre des vues plongeantes
époustouflantes. La circulation est difficile, compliquée par la conduite
scabreuse des Italiens.
On
arrive à Bellagio. Située sur la
pointe du triangle qui sépare le lac en deux branches, c’est une station
balnéaire et touristique appréciée des Italiens. Tous les Milanais et les habitants de la région s’y ruent les week-ends
ensoleillés pour remplir les terrasses des cafés. La ville est d’ailleurs
inaccessible en voiture le week-end, et tous les jours en été. Mieux vaut
prendre le bateau.
Nous
trouvons un petit camping aux abords de la ville. En hauteur, avec vue sur le
lac, calme et sympathique, c’est également un centre équestre. Par contre, les
tarifs pratiqués sont onéreux.
Mercredi
19 septembre 2018
6h30 :
le jour se lève sur le lac.
8h :
à Bellagio, nous embarquons sur un ferry qui traverse le lac vers Cadenabbia,
rive ouest.
On
rejoint Côme, à nouveau par la rive ouest. La circulation est plus calme
qu’hier après-midi.
[Le
27 juin 1972, j’avais passé la matinée à Côme avec Hichem au bord du lac,
attendant de prendre un train vers Chiasso.]
On
se dirige vers la SUISSE dont la frontière est à 6 km de Côme.
Passée
la frontière, on change des euros contre des francs suisses. Nous sommes à Chiasso. C’est la commune la plus
méridionale du pays, dans le canton du Tessin, de langue italienne.
Le canton du Tessin est le seul des 26
cantons helvétiques à être entièrement italophone. Autre caractéristique, c’est
le seul à se situer totalement au sud des Alpes. Il est entré dans la
Confédération helvétique en 1803.
On
traverse Lugano, 3ème place financière suisse, sur la rive nord du
lac éponyme, sans un regard pour ses boutiques de luxe…
On
passe ensuite à Bellinzona, capitale du canton. Un peu plus loin, au village de
Biasca, on s’arrête dans une
pizzeria.
Le Tessin reste un sas de l’Italie. Le
climat, la mentalité, la culture et la nourriture sont plus proches du Piémont
ou de la Lombardie que de la Suisse alémanique. Donc, tout naturellement, on va déguster chacun une
bonne pizza bien copieuse, avec une chope de bière en ce qui me concerne.
Bientôt
la route s’élève le long de la rivière Tessin, dans la vallée de la Leventine
jusqu’à Airolo.
Puis
c’est la grimpée impressionnante vers le passo
San Gotardo (col du Saint-Gothard ) à 2108 m . Cette ancienne route
est encore partiellement pavée.
Le
St-Gothard est un des plus importants axes routiers et ferroviaires
transalpins.
Ce franchissement assurait l'essentiel
des flux directs de personnes et marchandises entre le nord de la Suisse,
le Tessin et l'Italie, et plus généralement entre le centre de
la plaine du Pô et l'Europe du Nord. Par la suite, l’ouverture du
tunnel ferroviaire en 1882 s’est révélée essentielle dans l’histoire du Tessin
qui connut son premier développement économique.
Au
col, nous passons dans le canton d’Uri, un des trois cantons de la Suisse
primitive. C’est un canton alémanique.
Nous
descendons sur Andermatt par une route historique et tortueuse.
De
là, nous changeons d’orientation pour grimper rudement jusqu’au Furkapass (2431 m ). C’est un des passages alpins les plus élevés de Suisse. Le
panorama montagnard est exceptionnel. On y fait un arrêt pour admirer
un glacier qui rejoint le col.
Le col marque la ligne de partage des
eaux européenne : à l’ouest, le jeune Rhône s’écoule vers la Méditerranée,
alors que de l’autre côté, l’eau de la Furkareuss s’enfuit vers la Mer du
Nord.
La
route descend maintenant en lacets serrés dans le canton du Valais. Sur ce versant, près de l’hôtel Belvédère à environ
trois kilomètres en dessous du col, la vue s’ouvre sur le glacier du Rhône qui
donne naissance au Rhône.
Passant
à Oberwald, à 1370 m d’altitude, on
rejoint un camping à 17h45. Non loin du Rhône, il est situé dans un cadre
naturel agreste avec des équipements rustiques tels que tonneaux et yourtes. Un
wagon sert de salle commune. Et bien que l’on soit en Suisse, il est moins cher
que celui d’hier en Italie.
Nous
stationnons derrière une haie, à proximité d’un torrent.
Jeudi
20 septembre 2018
Nous
descendons le long de la vallée du Rhône supérieur, colonne vertébrale du Valais.
A cette altitude, le fleuve n’est encore qu’un torrent.
Les
villages s’égrènent le long du trajet avec leurs magnifiques chalets en bois.
On
traverse Sion et Martigny pour atteindre la plaine du Rhône où le fleuve se
jette dans le lac Léman.
Lors
de notre pause méridienne habituelle, nous
prenons notre temps : repas, sieste, lecture…
Atteignant
le canton de Vaud, nous traversons Aigle, dominée par son château dressé au
milieu des vignes. C’est la dernière station avant de commencer à monter dans
les Alpes vaudoises.
Nous
arrivons vers 15h30 à Leysin. Peuplé, des siècles durant, par une
population de paysans montagnards, ce village acquit à la fin du XIXe
siècle une réputation internationale en accueillant des malades de la
tuberculose. Après la découverte d’un traitement antibiotique efficace pour
lutter contre cette maladie, les cliniques fermèrent petit à petit dans les
années 1950-1960. Leysin se convertit alors en station de tourisme d'hiver et
d'été. Les anciens sanatoriums furent transformés en établissements
hôteliers et en écoles internationales. Ce qui fait que dans les rues on y
entend parler toutes les langues.
Nous
terminons ce voyage chez Caroline et son compagnon Rudolf. Nous y passons
l’après-midi et la nuit.
Demain
vendredi, nous rejoindrons Alexia et David à Saint-Sulpice ; samedi,
Patricia avec Jean-Lionel à Genève ; dimanche, nous serons de retour chez
nous à St-Apollinaire de Rias, en Ardèche, après 7900 km de voyage.
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